Guillochage, émail, gravure, peinture, anglage, sertissage : les métiers d’art font voir la Haute Horlogerie sous une autre facette. Chez Breguet, ils sont l’essence-même de la manufacture.


Quand Breguet guilloche la nacre sur le cadran de sa montre Reine de Naples, la Maison horlogère défend la délicatesse et la rareté d’un savoir-faire qui est l’expression de l’attachement inconditionnel de l’horlogerie au geste de l’artisan. Chaque montre de Breguet, chaque mouvement, présentent une association de différentes décorations. Laquelle marque a toujours mis sur un même plan l’esthétique et la technique, les arts et les sciences, la rigueur et le rêve.

La gravure, elle-aussi, a traversé les âges pour devenir aujourd’hui l’une des dimensions identitaires de Breguet.

Le guillochage, par exemple, est devenu une véritable signature de Breguet (NDLR-Abraham-Louis Breguet est le premier à introduire le guillochage dans l’horlogerie, dès 1786). Un héritage dont la marque a fait davantage que simplement prendre soin : une trentaine de tour à guillocher ont été reconstruits au sein-même de la Manufacture. Semblables aux machines anciennes, ils sont cependant dotés des derniers équipements en matière d’ergonomie, d’éclairage, d’optique ou encore de précision. L’atelier ainsi appareillé est l’un des plus importants de toute l’industrie horlogère suisse, ses artisans sont capables d’exécuter une grande variété de motifs géométriques. Dans une volonté de renouvellement perpétuel, un bureau de recherche et création, notamment chargé de développer de nouvelles figures, a été spécialement consacré à ce métier d’art. Précisons que, chez Breguet, presque toutes les montres sont agrémentées d’un guillochage, que cela soit sur le cadran, la boîte, la masse oscillante, la platine ou les ponts.

 

Email bleu « grand feu »

Cette année, la nouvelle Breguet Classique 5177 présente pour la première fois le fameux bleu Breguet en émail « Grand Feu » dans sa collection courante. Cette teinte unique affirme l’élégante sobriété du style Breguet dans un registre contemporain. Il s’agit d’une technique de décoration particulièrement délicate et difficile à réaliser. L’artisan horloger ne peint pas le dessin directement sur la montre mais applique un mélange de silice, de pigments et d’oxydes broyés sur le cadran en or. La technique consiste ensuite à passer le cadran au feu (entre 800 et 900 °C) à plusieurs reprises afin de laisser le motif et les couleurs se révéler petit à petit. Plusieurs semaines sont parfois nécessaires à la composition d’un seul cadran en émail.

L’émail « Grand Feu » confère à la montre un grain unique et permet de réaliser des décors inaltérables. Afin de préserver l’aisance de la lecture, les aiguilles « à pomme » en acier rhodié de la Breguet Classique 5177 contrastent sur le fond bleu profond. Dans une même quête de lisibilité, les chiffres arabes ainsi que les étoiles, losanges et fleurs de lys de la minuterie apparaissent argentés et en volume. Leur relief naît d’une « décalque » poudrée d’une grande finesse.

L’atelier d’anglage

Considéré partout ailleurs comme une finition certes complexe à réaliser, mais usuelle, l’anglage est hissé au rang de métier d’art chez Breguet. Cette technique demande un doigté infini, qui  consiste à éliminer à la lime les arêtes vives des différents composants, en formant un chanfrein (ou biseau) à 45 degrés, dont la largeur doit être constante et les angles, parfaitement parallèles. Le polissage doit, de surcroît, être tel qu’il présente un reflet uniforme, sans vrillage ni facettes. Quant aux « coins rentrant », ils ne doivent révéler qu’une ligne nette, formée au point de rencontre des deux chanfreins. Non seulement aucune machine ne permet d’obtenir un tel résultat, mais les filières de formation pour ce métier ont presque disparues.

Chez Breguet, l’atelier d’anglage est sobrement le plus important de Suisse. Un choix qui prouve l’extrême soin apporté à la qualité des mouvements. Pour sa nouvelle Classique Tourbillon Extra-Plat Squelette 5395, Breguet a choisi de squeletter ce mouvement à tourbillon extra-plat. Une vraie prouesse technique…et artistique ! En effet, les artisans ont retiré près de 50% de matière à ce mouvement, déjà sans concession. Ainsi squeletté, le calibre (en or) joue littéralement avec les limites de la physique classique. Pour ce modèle en particulier, Breguet a choisi de réaliser la platine et les ponts du mouvement dans un alliage d’or 18 carats. Malgré la complexité de ses procédés d’usinage mais également d’assemblage, l’or offre des avantages techniques : non seulement durcissable et ainsi plus résistant pour un mouvement squelette, il est aussi extrêmement durable et adapté à une finition manuelle. Au travail d’horloger viennent s’ajouter la gravure, le guillochage et l’anglage à la main, pour un résultat hors norme.

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