Bien sûr, son métier n’est pas celui d’horloger. Mais la passion de Jean-Marc Pontroué pour la belle mécanique, son expertise et sa vision stratégique l’ont mené à la direction de Panerai. Succédant au très charismatique Angelo Bonati qui a su si bien « ressusciter » la marque florentine.


Comme certaines prestigieuses marques automobiles ont leurs aficionados, Panerai a ses « Paneristi », des fans et des collectionneurs jusqu’à l’extrême qui ne parlent qu’en références codées. L’histoire de la famille Panerai commence à Florence, en 1860. A cette époque, Giovanni ouvre le premier magasin d’horlogerie de la ville. Sa descendance développera cette passion en créant notamment (en 1934) des instruments de précision destinés aux commandos d’hommes-grenouilles de la Marine nationale italienne. Ces montres ont donné naissance aux deux collections iconiques de Panerai : Radiomir et Luminor, ou la rencontre entre le design italien et le savoir-faire horloger suisse (depuis 2005, Panerai équipe ses montres de calibres maison produits à Neuchâtel). Rencontre avec Jean-Marc Pontroué, CEO.

Quel est votre parcours professionnel ?

« Pour faire court, disons que j’ai débuté dans la mode chez Givenchy (LVMH), avant d’intégrer le groupe horloger Richemont, en 2000. Chez Montblanc, puis chez Roger Dubuis, et en 2018 j’ai été appelé à la direction d’Officine Panerai. Pour tout vous avouer, au début, je n’y connaissais pas grand-chose. Aujourd’hui, bien sûr, mon métier n’est pas celui d’horloger, et je n’aurai pas la prétention de pouvoir réparer une montre, mais j’ai acquis une vraie expertise et la passion de ce qui se passe à l’intérieur d’un boîtier. » 

Panerai, ce sont principalement deux modèles iconiques à très forte personnalité. Est-ce un atout ? Ou, au contraire, cela limite-t-il la créativité et le développement ?

 « C’est un atout. Car Luminor et Radiomir incarnent des valeurs en pleine ascension et sont agrémentées chaque année d’innovations, question de bien montrer que si Panerai prend plaisir à glorifier son passé, la marque n’est pas passéiste pour autant (…) Aujourd’hui, il y a aussi la ligne Submersible et la ligne Luminor Due avec laquelle Panerai a réalisé l’adéquation parfaite entre montres dames et modèles d’entrée de gamme. On en oublierait presque les nageurs de combat… »

Quel avenir pour Luminor et pour Radiomir ?

« Je suis convaincu que l’avenir de l’horlogerie haut de gamme s’écrit autour de deux facteurs essentiels qui permettent à Panerai de faire la différence. Un, la notion d’icônes dont vous parliez tout à l’heure, autour desquelles le marché va se recentrer toujours davantage. Deux, l’instauration, à nouveau, de la montre comme élément central du ‘vestiaire’ masculin. Savez-vous qu’aujourd’hui les fausses Panerai arrivent en tête des ventes (tout à fait illégales, rappelons-le), positionnant de facto la notoriété de la marque à un niveau quasi équivalent à celui de Rolex ! » (Rire.)

Vous avez lancé la collection Submersible, de même que vous avez développé le recours à des ambassadeurs. Quel est leur rôle ?

« D’abord, précisons que la série Luminor Submersible existe depuis longtemps avant moi. Son boîtier surdimensionné (44 à 47 mm), composé d’une seule pièce et additionné d’un pont protège-couronne à levier, a été conçu pour offrir une lisibilité optimale des éléments luminescents (index et aiguilles) sous l’eau. Par contre, c’est moi qui ai eu l’idée d’extraire la Submersible de la ligne Luminor pour en faire une collection 100% indépendante. Et c’est un succès ! Et j’ai aussi lancé le concept des Submersible vendues avec des expériences avec nos ambassadeurs : Mike Horn, l’apnéiste Guillaume Néry et le nageur Gregorio Paltrinieri. Il s’agit de sportifs exceptionnels (les meilleurs dans leur domaine), qui brillent également par leur expertise et leur crédibilité. Pour Panerai, ce sont des agitateurs d’idées. »  

Vous avez dit : « Le client n’achète pas une montre qui donne droit à une expérience, il achète une expérience dont la montre fait partie. » Pouvez-vous nous parler de ces « expériences » ?

« L’idée est que les clients qui achètent certaines montres en série limitée (par exemple, la ‘Submersible Marina Militare Carbotech’) ont la possibilité de vivre une expérience unique (c’est inclus dans le prix de la montre). Bien sûr, cette aventure humaine hors du commun est tempérée par la nature même de l’expérience : tout le monde ne veut pas plonger avec un commando de marine ou se balader sur la banquise du pôle Nord avec Mike Horn. Ces expériences permettent de donner une nouvelle dimension à Panerai… et de l’adrénaline à nos clients ! »

Quelle est la dernière Submersible en date ?

« Il y a la ‘Submersible Goldtech Orocarbo 44 mm’ qui réunit pour la première fois deux matériaux innovants que tout oppose, et pourtant : le Carbotech™ et le Panerai Goldtech™, de l’or inrayable surdosé en cuivre. Il y a aussi la Panerai ‘Submersible Ecopangea™ Tourbillon GMT 50 mm Edition Mike Horn’ éditée à seulement cinq exemplaires. Sublime ! En outre, elle permet aux passionnés d’embarquer à bord d’une aventure en Arctique avec Mike Horn, les invitant à repousser leurs limites… ainsi que celles de cette montre à la fois robuste, sophistiquée et respectueuse de l’environnement. »

Les clients sont de plus en plus attentifs aux garanties, que proposez- vous ?

« La garantie générale pour Panerai est désormais de 8 ans (voir Programme Panerai Pam.Guard). Et pour célébrer les 70 ans de la marque, nous allons proposer une garantie de 70 ans pour une série de dix nouveautés. »

Quid des ventes online ?

« Nos ventes en ligne sont encore trop faibles. Notre présence en ligne date véritablement d’un an et demi et depuis, notre progression est à trois chiffres. Panerai est une marque qui se prête bien à l’e-commerce. C’est un véritable booster de ce que l’on réalise sur les marchés locaux. La nouvelle Panerai ‘Submersible Azzurro 42 mm’, par exemple, est disponible uniquement en ligne via notre site www.panerai.com »

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