Entre 1960 et 1967, Jim Clark a remporté 25 victoires en F1 et deux titres de champion du monde, s’érigeant en meilleur pilote de sa génération. Retour sur la carrière d’un pilote de génie…


James Clark, dit Jim, naquit le 4 mars 1936 à Kilmany, en Ecosse. Toute sa carrière en F1, du premier au dernier jour, fut un incroyable exemple de fidélité puisqu’il ne conduisit jamais d’autres bolides que des Lotus construites par celui qui devint son ami après avoir été son adversaire, puis son patron.

Il réfléchissait toujours avant de monter dans une voiture de compétition.

Colin Chapman fut sans doute le constructeur le plus inventif de tous les temps. D’ailleurs, les risques que prit le boss à la célèbre casquette en sacrifiant la sécurité au profit de la performance ou en privilégiant la réduction du poids au détriment de la fiabilité ne lui valurent pas que des éloges. Plusieurs pilotes se tuèrent en Lotus dont Jim Clark, le plus grand défenseur de la marque et le plus héroïque des pilotes du constructeur britannique. Il décéda le 7 avril 1968 dans une banale course de Formule 2 à Hockenheim. Jim Clark sortit de la route suite au déjantage d’un pneu, conséquence d’une crevaison lente.

 

Un pilote d’exception

Comparé à Juan-Manuel Fangio, Jim Clark n’eut pas le temps d’achever son œuvre mais quelques chiffres suffisent à mettre en exergue le talent absolu de cet Ecossais élégant, racé dans la vie comme au volant. Ainsi, même s’il ne participa qu’à 72 Grands Prix, son palmarès en F1 est édifiant, voire stupéfiant : 28 meilleurs tours en course, 33 pole positions, 25 victoires, 32 podiums et 2 couronnes mondiales sanctionnèrent une carrière plutôt courte mais d’une richesse absolue sur le plan des performances pures et des résultats.

Jim Clark n’aimait pas aborder la mort et les accidents. Fût-il d’une imparable rapidité et d’une bravoure totale, il réfléchissait toujours avant de monter dans une voiture de compétition. Ainsi, lorsqu’un mécène voulut lui acheter une Formule 2, il refusa la proposition puisqu’au volant d’une voiture similaire, Graham Hill avait perdu une roue. Signe du destin : c’est au volant d’une F2 qu’il se tua.

Après avoir fait ses classes en prototypes (aux 24 Heures du Mans, notamment), Jim Clark fit ses débuts en F1 en 1960 , s’alignant sur une Lotus au Grand Prix des Pays-Bas en remplacement de John Surtees.  Lors de sa deuxième campagne en 1961, il défraya la chronique lors d’une sortie de route à Monza à l’occasion du Grand Prix d’Italie. Il percuta la Ferrari de Wolfgang Von Trips. Le bolide rouge du meneur du championnat s’envola dans la foule, tuant quinze personnes dont le pilote allemand. Wolfgang Von Trips n’obtint pas la couronne à titre posthume puisque sur le fil, il fut rattrapé par son équipier, l’Américain Phil Hill, remportant son unique sacre en F1.

 

4 victoires à Spa

Jim Clark remporta sa première victoire en F1 en 1962 à Spa. Cette année-là, il s’imposa à 3 reprises, signa 6 pole positions et ne céda le titre à Graham Hill qu’à la suite d’une énième défaillance de sa machine.

La saison suivante fut celle de la consécration pour le pilote écossais qui s’imposa à 7 reprises en 10 Grands Prix. Il avait signé autant de pole positions (7) que de victoires, monta 9 fois sur le podium et obtint son premier titre sans jamais être mis en difficulté.

Au volant d’une Lotus 33, Clark remporta son deuxième titre mondial en F1 en 1965 grâce à 6 pole positions et à 6 victoires. Au général, il devança Graham Hill et le nouveau venu, Jackie Stewart. Sa saison fut ponctuée par une quatrième victoire à Francorchamps. Et pourtant, il n’appréciait guère notre circuit de 14 km, l’estimant trop dangereux, tout comme Jackie Stewart d’ailleurs qui, quelques années plus tard, obtint sa radiation du calendrier. Il fallut attendre 1983 pour revoir les F1 sur une piste rénovée, magique et sécurisante au tracé naturel affichant 7km.

En 1966, au volant de la capricieuse Lotus 43, l’Ecossais n’obtint qu’un seul succès mais tout se présenta beaucoup mieux l’année suivante. Il signa 6 pole positions et 4 victoires  mais dut se contenter de la 3e place finale derrière les Brabham de Denny Hulme et de Jack Brabham, pilote et créateur de sa propre F1. Jim Clark termina la saison en fanfare grâce à deux succès, aux Etats-Unis et au Mexique. Et c’est sur ce même tempo qu’il entama 1968 par une victoire en Afrique du Sud. Ce fut aussi son dernier triomphe.

 

Mort à 32 ans

Le 7 avril 1968, à l’âge de 32 ans à peine, il trouva la mort à Hockenheim, dans une compétition de Formule 2, au volant d’une Lotus 48. C’est tout à fait par hasard qu’il se retrouva au départ de cette épreuve, qu’il n’avait nullement l’intention de disputer. Depuis l’hiver, il était en tractation avec Ford et aurait dû piloter une GT 40 à Brands Hatch. Mais il voulait évidemment en parler avec Colin Chapman avec lequel il venait d’aborder sa neuvième saison de Formule 1. L’histoire veut que Chapman s’énervât et intimât l’ordre à son pilote de ne pas monter à bord de la GT 40. Afin de l’occuper, le patron moustachu lui proposa de disputer une manche du championnat F2 à Hockenheim, en Allemagne. Jim Clark s’exécuta mais il entama la course avec des pieds de plomb, d’autant que les conditions climatiques étaient détestables. En huitième position au moment du drame, il ne voyait pas grand-chose et perdit le contrôle de sa Lotus. Il était 12h40 ce satané dimanche et celui qui aurait pu devenir le plus grand pilote de tous les temps eut bien trop tôt rendez-vous avec la mort.

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