Deux-roues le plus populaire au monde, née pour s’adapter aux nouveaux besoins de l’après-guerre, la Vespa fête ses 75 ans. Elevée au rang d’icône intemporelle, elle est aujourd’hui le fleuron du plus grand constructeur mondial de deux-roues, Piaggio.


Des douces collines toscanes aux petites rues pavées de Rome, en passant par la Riviera ligure, c’est sur la selle de ce mythique deux-roues que tous les amoureux de l’Italie ont rêvé de parcourir les routes de la Grande Botte. La Vespa célèbre ses 75 ans et la « guêpe » à la silhouette fuselée n’est toujours pas démodée. Ce symbole de la dolce vita, l’art de vivre à l’italienne, est même en pleine forme : ses ventes ont triplé ces quinze dernières années.

« Sembra una vespa ! »

Vespa, c’est l’expression du design le plus abouti. Quand l’esthétique épouse parfaitement la fonction. Ou le contraire. C’est l’histoire du capitalisme italien, de ses grandes familles. Celle de la mondialisation aussi. Une icône de la société de consommation qui raconte le monde tel qu’il va. « Sembra una vespa ! » s’écria Enrico Piaggio, quand l’industriel découvrit les premiers croquis du deux-roues au lendemain de la guerre. On dirait une guêpe, en effet, cette moto avec sa taille fine, ses flancs arrondis et le bourdonnement de son moteur ! Vespa… Le nom est resté. Et la marque est passée au rang de légende. Depuis 1946, près de 20 millions de ses scooters ont été vendus dans le monde. 

Une réussite étonnante quand on sait que son concepteur, l’ingénieur Corradino d’Asciano, n’aimait pas les deux-roues !

Flash-back. Nous sommes en 1944 et la Seconde Guerre mondiale va bientôt prendre fin. Pendant le conflit, les usines de Gênes, de Finale Ligure et de Pontedera ont été la cible des bombardements alliés et sont complètement détruites. Face à ce champ de ruines, l’entrepreneur envisage une reconversion industrielle. C’est à Pontedera, non loin de Pise, que Piaggio va renaître de ses cendres. Après avoir reconstruit l’usine de Costruzione meccaniche nazionali, au bord de l’étranglement financier, Enrico Piaggio commande un véhicule démocratique pour les déplacements individuels. Au début, Renzo Spolti conçoit un scooter avec un châssis porteur appelé MP (Moto Piaggio, dans les variantes MP1/MP5), surnommé « Paperino ». Peu convaincu par le résultat, Enrico Piaggio demande à l’un des anciens ingénieurs aéronautiques de son père, Corradino D’Ascanio, créateur de l’hélicoptère Piaggio d’avant-guerre, de redessiner le projet. Deux impératifs néanmoins : il faut conserver une facilité de production et, surtout, il faut qu’il soit accessible à toutes et à tous. Une fois la surprise passée, Corradino, plus habitué à dessiner des avions et des hélicoptères, trouve les motos inconfortables, encombrantes et salissantes. En s’attaquant aux défauts un par un et en s’inspirant de ses croquis aéronautiques, il imagine la ligne révolutionnaire de la Vespa. Le 23 avril 1946, le brevet est déposé à Florence, et la carrière de ce piquant scooter, baptisé Vespa 98, peut démarrer sur les chapeaux de roue !

Star du cinéma

Grâce à son design et à ses caractéristiques techniques, le succès est immédiat. De 2.484 modèles vendus en 1946, la production passe à près de 20.000 en 1948, avant d’atteindre 60.000 en 1950 et même 171.200 en 1953, avec des usines dans une dizaine de pays.

Mais le succès de la guêpe s’explique aussi par des raisons économiques : au sortir de la guerre, l’Italie entre dans son « miracle économique », notamment grâce à l’argent déversé par le plan Marshall. Avec la Fiat 500, la Vespa devient une icône de cette transformation économique et sociale de l’Italie. Elle s’impose dans l’imaginaire collectif comme le scooter le plus célèbre du monde.

Ce deux-roues à l’italienne a changé la vie des gens et est devenu une icône glamour dans le cinéma qui a également contribué à écrire sa légende. Tout le monde connaît la scène avec Gregory Peck et Audrey Hepburn conduisant une Vespa blanche dans « Vacances Romaines » (1953) mais aussi dans le célèbre film de Federico Fellini, « La dolce vita », avec Marcello Mastroiani et Anita Ekberg. Mais la Vespa est apparue dans bien d’autres films. Plus de quatre-vingts apparitions : c’est un record absolu ! Parmi ceux-là, figurent « Caro Diario », de Nanni Moretti (1993), qui l’a célébrée récemment, ou « Alfie » (2004) et « The Interpreter » (2005), issus du cinéma américain. Le grand écran l’adore mais dans la vie réelle les stars l’apprécient aussi. Parmi les célébrités qui ont choisi une Vespa, figurent Gwyneth Paltrow et Julia Roberts, Anthony Perkins, Anne Hathaway et Tom Hanks mais aussi Uma Thurman et le comique Zach Galifianakis et même le rappeur Puff Daddy.

Leader mondial du deux-roues

La success-story de Piaggio depuis 1944 ne s’est jamais démentie. Aujourd’hui, le groupe italien est constructeur de deux‑roues (motos, scooters, trois‑roues), de véhicules commerciaux et de robots des marques Aprilia, Derbi, Gilera, Moto Guzzi, Vespa, Piaggio, Piaggio Commercial Vehicles (Ape), Scarabeo et Piaggio Fast Forward (PFF). L’entreprise est également cotée à la Bourse de Milan depuis 2006. En 2003, IMMSI, la holding de la famille Colaninno, a racheté les actifs détenus par la famille Piaggio. IMMSI a élargi le périmètre du groupe en rachetant Aprilia et Moto Guzzi fin 2004.

Signe de stabilité et de tradition, le siège du groupe est resté en Toscane, à Pontedera. Son chiffre d’affaires est aujourd’hui de 1,342 milliard d’euros. Hormis Pontedera, elle possède cinq autres unités de production, dont trois sur le sol italien, une au Vietnam et une en Inde. Le groupe emploie aujourd’hui quelque 6.500 personnes dans le monde.

Primavera et GTS pour fêter ses 75 ans…

Pour son 75e anniversaire, la Vespa s’habille d’une livrée spécifique très 40’s accompagnée d’un casque assorti et surmontée d’une selle en nubuck gris fumé. A l’arrière, celle-ci est prolongée d’une sacoche bandoulière ronde, évoquant la roue de secours très typique et axée au porte-bagage arrière ! Cette édition spéciale est disponible sur les Vespa Primavera 50 (3.899€) et 125 (5.499€), ainsi que sur les Vespa GTS 125 Supertech (6.299€) et 300 Supertech (6.649€). Et en bonus, chaque Vespa 75e anniversaire sera livrée avec un « welcome kit » comprenant un sac, un foulard en soie made in Italy ainsi qu’une plaque vintage et même des cartes postales. Dolce vita, on vous a dit ! Disponible depuis fin mars.

Bientôt la nouvelle Elettrica

Pour compléter l’offre électrique aux côtés de la Vespa Elettrica en 2021, Piaggio va bientôt lancer sous sa marque un petit scooter électrique à prix contenu, si l’on en croit ce que Maurizio Carletti, directeur Italie et Europe de Piaggio, a annoncé dans une interview. Il devrait être dévoilé sous peu. Après la belle et plutôt performante Vespa Elettrica (6.390 € pour la 50 et 6.690 € pour l’Elettrica 70), le groupe Piaggio continue donc logiquement son développement sur le marché du scooter électrique par le bas, et sous sa propre marque cette fois.

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