Il y a un peu plus de deux ans, nous avions raconté ici l’histoire de cet Autrichien naturalisé italien entré dans la légende pour avoir réussi à transformer la première 500 en véritable sportive. C’est pour cela que le nom de Carlo Abarth reste célèbre à travers les âges : sa façon de rendre méchante la si adorable Fiat 500 !


C’est bien à la 500 qu’Abarth doit sa renommée. Car aucun de ses kits de performances n’avait eu tant de succès auparavant. Et pour cause, jamais il ne s’était penché sur voiture plus populaire que la 500. Et c’est pendant près de 20 ans, durée de la carrière de la première version de ce modèle, qu’il a boosté ce petit pot de yaourt, avec un succès tel que Fiat lui avait ouvert grand les bras, avant de percevoir qu’un marché lui échappait et de racheter purement et simplement Abarth. Mais ne répétons pas ici ce que nous vous avons déjà conté…

La 695 originelle

Le fait est qu’avant l’absorption par Fiat, la belle histoire entre Abarth et la 500 a déjà connu un moment fort. Une bravade ultime, sorte de cadeau d’adieu mutuel ! Nous sommes en 1964, et cela fait déjà 7 ans que le Scorpion essore le moteur de la petite Fiat pour en tirer de plus en plus de bon jus. Avec le temps, on ne s’est plus contenté d’augmenter la puissance du moteur tel quel mais on en a augmenté la cylindrée. Et cette année-là, naît l’Abarth 695. Le modeste moulin, d’une capacité initiale de moins de 500cc, passe à 690cc. Quant à la puissance, elle est plus que doublée : de 17 à 38 ch. Vitesse maximale : 130 km/h, puis même 140 km/h pour la version ultime présentée quelques mois plus tard, la 695 SS (pour Super Sport, à prononcer « Esseesse » en italien !). C’est cette version qui sera produite jusqu’en 1971, année du rachat d’Abarth par Fiat. On peut donc la voir comme une version d’adieu d’une marque telle qu’on la connaissait jusque-là. Et en cela, l’histoire est peut-être en train de se répéter…

Dernières pétarades ?

Avance rapide 50 ans plus tard. Nous sommes en 2021, et personne n’ignore que l’automobile est à un tournant de son histoire. L’électrification avance à marche forcée. Tous les constructeurs s’y mettent, et Fiat ne fait pas exception. Il y a quelques mois, le constructeur a lancé la toute nouvelle version de sa petite icône. La New 500E est plus moderne que jamais. Elle est, surtout, 100% électrique et, bien qu’à son lancement, les responsables de la marque répondaient par un évasif « on ne sait pas » quand on leur demandait si elle existerait aussi avec un moteur classique, il y a fort à parier que jamais elle ne consommera autre chose que des kWh. Mais pour le moment, cette 500 de la nouvelle ère cohabite avec la 500 « normale ». Jusqu’à quand ? Mystère. La seule certitude est que chaque jour qui passe nous rapproche de sa disparition définitive. La sienne ainsi que celle de ses sœurs bruyantes, exubérantes, tonitruantes, passionnantes, enivrantes… Bref, les Abarth ! Abarth qui vient justement de lancer une version inédite de sa 500.

Luxe et sportivité exacerbée

Dieu sait que les éditions spéciales Abarth ont été nombreuses depuis leur première interprétation de la 500. Mais pour celle-ci, qui sera produite à 695 exemplaires couleur Nero Scorpione et 695 autres Grigio Campovolo, on semble avoir mis le paquet. Commençons par l’intérieur, où on découvre des sièges sport numérotés ainsi qu’un pommeau de vitesses, des pédales et des inserts décoratifs du volant en carbone et une planche de bord habillée d’alcantara (ce qui n’avait jamais été fait dans ce modèle). Pour l’extérieur, on pourra donc choisir entre une carrosserie noire ou grise, agrémentée dans les deux cas d’inserts blancs sur les pare-chocs avant et arrière, sur les coques de rétroviseurs et sur les autocollants latéraux. Les jantes de 17 pouces avec cache-moyeux rouges recèlent des étriers Brembo rouges également, et les deux sorties de l’échappement Akrapovič si expressif (livré en série) sont en titane. Mais les deux caractéristiques majeures sont le capot spécifique, tout en aluminium, ainsi que le spoiler de toit réglable, hérité des versions compétition et de la commémorative 70 Anniversario.

Comme toutes les 695, elle reçoit la déclinaison la plus puissante du désormais célèbre moteur essence 1.4 turbo : 180ch et 250Nm. Celui-ci est associé en série à une boîte manuelle 5 vitesses ou, en option, à la boîte robotisée avec palettes au volant. Si la mécanique est une vieille connaissance, cela signifie-t-il que cette Collector’s Edition est purement cosmétique ? Non car entre l’allègement de la voiture dû au capot et à l’échappement et le spoiler qui peut fournir 45 kg d’appui supplémentaire à haute vitesse, cette 695 Esseesse promet d’être l’Abarth de route la plus efficace et la plus sportive jamais produite !

Sensations brutes

Et de fait, c’est ce que nous avons pu vérifier à l’occasion d’un essai digne de ce nom. Au programme : trois tours de la piste de Balocco, près de Milan, circuit très technique où sont mis au point les châssis Abarth mais aussi Fiat, Alfa Romeo et même Maserati. C’est vous dire si ça ne plaisante pas. Se lancer sur cette piste, c’est l’occasion de redécouvrir que la petite bombe italienne n’a rien perdu de sa pêche ! Mode Sport activé, cette Esseesse grimpe franchement dans les tours. Et effectivement, le spoiler fait son œuvre, puisque la voiture affiche une excellente tenue de cap, même à haute vitesse. Dans les enchaînements de virages, c’est l’effet du capot en aluminium que l’on perçoit. Le train avant s’en trouvant allégé, il est plus précis et jette la voiture dans le virage avec un brin d’agressivité supplémentaire. Mais le plus agréable, ce sont les sensations purement mécaniques que renvoie la 695. Car, c’est l’avantage de son âge relativement canonique, elle se passe de bon nombre d’artifices modernes castrateurs, intrusifs… et finalement peu utiles. Elle est proposée à partir de 33.990€ TVAC.

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