Impressionnante, l’équipe US a remporté la 43e édition de la Ryder Cup sur un score de 19-9. Une gifle pour des Européens fragiles et presque battus d’avance.


Régulièrement dominée ces dernières années (4 défaites lors des 5 précédentes éditions), l’équipe américaine de Ryder Cup a savouré une éclatante revanche en soulevant, en septembre dernier, le prestigieux trophée sur le parcours de Whistling Straits, dans le Wisconsin. Dominateurs d’un bout à l’autre de l’épreuve, les hommes du capitaine Steve Stricker se sont imposés sur le score sans appel de 19-9. Un écart record !

Ce sacre américain n’est évidemment pas une surprise. Il symbolise clairement l’actuelle supériorité du swing US sur les greens internationaux. Les chiffres sont, à ce titre, éloquents. Sur les tablettes du ranking mondial, on recense huit joueurs du pays de l’oncle Tiger parmi les dix premiers. Et en jetant un œil sur les palmarès des derniers tournois du Grand Chelem, le constat est tout aussi flagrant avec dix succès US lors des treize derniers Majors.

Des Européens timorés

Ces dernières années, dans la peau du parfait outsider, l’Europe avait profité à pleins poumons des tensions et des rivalités au sein de l’équipe US. Même Tiger Woods et Phil Mickelson — absents dans le Wisconsin — étaient montrés du doigt pour leur individualisme. Cette fois, le bloc américain était parfaitement soudé. « On forme une bande de copains. On se connaît tous depuis l’univ. On a grandi ensemble sur les greens. Et, cette fois, on était vraiment en mission », résumait Jordan Spieth.

Avec une telle motivation et huit membres du top 10 mondial dans l’équipe, l’Amérique était invulnérable, à l’image de Dustin Johnson (qui a remporté ses cinq matches), de Bryson DeChambeau (qui a fait le spectacle avec ses drives venus d’ailleurs) ou de Collin Morikawa (toujours aussi exceptionnel avec ses fers et qui a apporté le demi-point de la victoire).

Il reste qu’on a le droit d’être déçu de la performance d’une équipe européenne qui est apparue fragile, timorée, presque battue d’avance. Et forcément, dans ces cas-là, c’est vers le capitaine Padraig Harrington que se tournent les premières critiques. Là où Steve Stricker, son homologue américain, avait opté pour une formation très jeune (29 ans de moyenne d’âge) avec six « rookies », le mentor irlandais avait joué la carte de l’expérience avec des joueurs comme Westwood (48 ans), Paul Casey (44 ans) ou Ian Poulter (45 ans) et avec seulement trois débutants (Lowry, Hovland et Wiesberger).

« Je crois qu’à l’avenir, il faudra rajeunir les cadres et laisser la place à la nouvelle génération », confiait Nicolas Colsaerts. Des talents comme les frères Nicolai et Rasmus Höjgaard, l’Ecossais Robert McIntyre, le Français Victor Perez ou, bien sûr, Thomas Detry pourraient s’inviter à la fête lors de la prochaine édition, en 2023, à Rome. Il faudra, en tout cas, un électrochoc.

30 millions de joueurs américains

En attendant, le sacre de Whistling Straits symbolise la toute-puissance actuelle du swing américain. Aux Etats-Unis, le golf est un sport national, pratiqué par toutes les franges sociales de la société, tous les âges confondus. Au total, on recense près de 30 millions de licenciés dans le pays, soit plus de 10% de la population. Et les structures sont à la mesure de cette passion avec près de 10.000 clubs officiels recensés et, en prime, de nombreux « practices ranges » ouverts à tous où il est possible de taper des balles à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

Là où, dans certains pays européens, le golf dégage encore un parfum très élitiste, c’est tout le contraire de l’autre côté de l’Atlantique. Certes, il y a des clubs ultra-fermés et exclusifs où les droits d’entrée défient la raison. On pense, par exemple, à l’Augusta National, à Cypress Point ou à Pine Valley, fréquentés par de nombreux milliardaires de Wall Street. Mais, parallèlement, on trouve aussi de nombreux parcours publics où il n’est pas nécessaire d’être membre pour chasser le birdie. C’est le fameux « pay and play » qui manque tant en Belgique et qui fait notamment le bonheur des jeunes.

Dans ce contexte, aux States, le golf est évidemment ultra-médiatisé. La chaîne de télévision thématique Golf Channel réunit des millions d’abonnés qui ne manquent pas un putt. Et, parallèlement, tous les grands tournois font l’objet de retransmissions en live sur les plus puissants networks avec, à la clé, des audiences qui rivalisent avec le foot américain ou le base-ball. Et cette effervescence génère évidemment, en amont, une économie très florissante. Le golf emploie aux Etats-Unis plus de deux millions de personnes et génère un chiffre d’affaires global de plus de 84 milliards de dollars. On croit rêver !

Dans cet environnement opulent, l’Amérique est évidemment une formidable pépinière de talents et de champions d’exception. Les anciens se souviennent sans doute des exploits de Gene Sarazen, de Ben Hogan, de Sam Snead, de Bobby Jones ou de Walter Hogan. La génération d’Arnold Palmer, de Jack Nicklaus, de Lee Trevino et de Tom Watson a, un peu plus tard, fait rêver des millions de passionnés. Plus près de nous, Phil Mickelson et, surtout, Tiger Woods ont fait entrer le golf dans une nouvelle ère. Et la nouvelle génération emmenée par les héros de cette Ryder Cup 2021 est en passe de prendre le relais, à l’image du très médiatique Bryson DeChambeau. Véritable bête de muscles et showman charismatique, le Californien de 28 ans est devenu l’une des plus grandes stars du sport américain. Les télés et les réseaux sociaux passent en boucle ses drives hallucinants qui dépassent les 350 mètres de portée ! Du jamais-vu…

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