De tous les chevaux, le pur-sang arabe est probablement le plus noble. Le plus pur aussi, lui qui a servi d’améliorateur pour les autres races chevalines à travers les époques. Originaire du Moyen-Orient, on le retrouve aujourd’hui aux quatre coins du globe auprès de nombreux éleveurs passionnés qui entretiennent son histoire. Et la Belgique n’est pas en reste.


Au fil des ans, la Belgique s’est forgé une excellente réputation dans le monde du pur-sang arabe. Elle jouit également d’une grande reconnaissance pour le savoir-faire de ses éleveurs, entraîneurs et vétérinaires. Et c’est surtout vrai dans le milieu du show. Début février, « Muranas Nader », un produit de l’élevage Jadem Arabians de la Belge Christine Jamar, a d’ailleurs remporté le prestigieux championnat des jeunes poulains à l’occasion du Festival Katara Arabian Horse organisé au Qatar par l’émir Cheikh Tamim bin Hamad AL Thani.

Cette distinction n’est pas une surprise tant la qualité des chevaux belges est reconnue sur la scène des plus prestigieuses compétitions de show à travers le monde. « La Belgique possède une réputation internationale pour l’élevage, la production et la préparation des chevaux de show mais aussi pour le transfert d’embryons. Tous les champions internationaux transitent à un moment par la Belgique. En Europe, nous partageons cette spécificité avec l’Italie », raconte Marc Somerhausen, le secrétaire du Stud-book Belge du Cheval Arabe qui enregistre pour notre pays les pur-sang arabes.

« Le pur-sang arabe est un cheval vif mais compréhensif. Un cheval équilibré qui a d’ailleurs été utilisé pour amener du sang dans d’autres races », poursuit Marc Somerhausen. « L’an dernier, nous avons enregistré 450 naissances au sein de notre stud-book, dont 350 poulains pur-sang arabes. La majorité de ceux-ci sont destinés au show. Le reste, pour le sport ou la récréation. »

Si le show remporte autant de succès auprès des éleveurs actuellement, c’est aussi parce que c’est un monde qui fait rêver. Un monde fait de luxe et d’élégance. Un monde où l’on côtoie certaines des plus grosses fortunes de la planète. Un monde fait d’installations plus incroyables les unes que les autres. Où les écuries sont parfois parées d’or et de marbre comme dans les pays du Moyen-Orient.

Une ancienne ferme à bétail

Chez Marc Somerhausen, aucune trace d’un luxe superflu. Située à Naninne, à quelques foulées de galop de la Nationale 4, son écurie sent bon le cheval. Et abrite, surtout, d’authentiques pur-sang arabes à la bonne génétique. Le tout dans une ancienne ferme qui abritait autrefois 350 bovins pour l’engraissement. « Ces quinze dernières années, l’élevage s’est hyperspécialisé. L’élevage du cheval de show est devenu un marché bien distinct des autres », poursuit le vétérinaire ucclois qui a pour sa part choisi une autre orientation avec sa femme Konstanze. « Nous avons participé à des compétitions de show. Mais l’objectif poursuivi en démarrant notre élevage était de produire des chevaux qui pouvaient être montés et qui conservaient leurs qualités esthétiques. »

Pour débuter son élevage, c’est en Autriche que le couple a trouvé son bonheur, en 2006. Il y a déniché un jeune étalon gris de 3 ans répondant au nom d’« Adriann El Bri ». « Nous nous sommes lié d’amitié avec la famille Huemer » (NDLR : reconnue dans le milieu du pur-sang arabe de show) « chez qui nous avons acheté quelques chevaux, dont ‘Adriann’. Dans le box, il avait le caractère doux et affectueux du pur-sang arabe. Il était présentable pour le show mais il avait aussi des capacités athlétiques qu’on ne retrouve pour ainsi dire plus en show aujourd’hui. » Son modèle a été récompensé à plusieurs reprises, notamment via une première prime d’élevage en Belgique ou encore lors d’un concours international à St-Lô. Une belle reconnaissance pour son propriétaire. « C’était la démonstration qu’un cheval monté pouvait encore briller sur la scène. Mais cela devient malheureusement de plus en plus difficile. »

Douze poulains ont vu le jour au sein de l’élevage de Marc Somerhausen, à raison de deux, parfois trois naissances par an. « Le pur-sang arabe est un cheval attachant, un cheval qui ne va jamais vous ignorer. Il est toujours curieux de ce que vous faites, c’est très étonnant », souligne l’éleveur. « Physiquement, le pur-sang arabe représente le modèle type du cheval. Ce qu’on recherche chez un cheval parfait : en proportion, dans le modèle, le sang, la vivacité et la force. C’est d’ailleurs un cheval très costaud par rapport à son gabarit. Le pur-sang arabe est aussi un cheval qui collabore bien quand on fait appel à son intelligence. Il demande un peu de patience mais il la récompense à l’arrivée. »

Une incroyable polyvalence

Toujours aussi passionnés, Marc Somerhausen et son épouse Konstanze ont malgré tout décidé de restreindre leurs activités ces dernières années. C’est la raison pour laquelle il n’y a plus eu de naissance à Naninne depuis celle de la superbe jument grise « Pashmina El Kanzn », en 2017. « Nous nous sommes restreints car il faut que le marché suive. Or le marché est difficile car le pur-sang arabe fait encore parfois peur dans le milieu équestre. Je constate que c’est encore un cheval méconnu et parfois même exclu à cause de débouchés qui ne sont pas adaptés. » La polyvalence est pourtant l’une des principales qualités du pur-sang arabe. « Il sait tout faire, c’est ça qui est incroyable avec ce cheval ! » insiste Marc Somerhausen. « C’est, par exemple, un excellent cheval d’initiation pour toutes les disciplines, y compris l’attelage, à condition d’être mis entre de bonnes mains car il peut être assez délicat à manipuler en raison de son intelligence. Ils ont une compréhension des problèmes assez remarquable. »

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