C’est la plus ancienne compétition sportive au monde ! Depuis 170 ans, elle fait vibrer tous les passionnés de yachting. Retour sur l’histoire houleuse de l’America’s Cup, dont la 36e édition s’est disputée au large d’Auckland.


Flash-back. Nous sommes le 22 août 1851. En marge de la grande exposition internationale de Londres, l’ancêtre de l’Exposition universelle, le Royal Yacht Squadron organise une régate internationale autour de l’île de Wight.

Si tout le monde connaît déjà la fin de l’histoire, il n’est pas de notoriété publique que voici plus d’un siècle et demi, cette « Coupe des Cent Guinées » suscita déjà la controverse. Face à quatorze des meilleurs navires anglais, la goélette « America », arborant les couleurs du New York Yacht Club, se faufile entre les bancs de sable et remporte le trophée sous les yeux médusés de toute l’amirauté britannique et de la reine Victoria, venue suivre l’événement à bord de son yacht à vapeur, le « Victoria et Albert ».

« Amiral, quel est le second ? » lança Sa Majesté à son premier amiral qui l’accompagnait. « Il n’y a pas de second, Majesté », lui répondit ce dernier avec tout le flegme qui s’imposait… Resté célèbre, le quiproquo a surtout contribué à effacer les échanges musclés qui opposaient Américains et Britanniques en coulisses. Malgré une marque manquée et une nette différence de gabarit entre « America » et l’« Aurora » britannique, arrivée huit minutes plus tard sans bénéficier de temps compensé, c’est bien John Cox Stevens, l’initiateur du projet made in USA, qui se voit octroyer la célèbre aiguière d’argent, rebaptisée « America », sept ans plus tard.

Lorsque le trophée rejoint, enfin, le New York Yacht Club (NYYC), il est également décidé d’organiser une challenge ouvert à tous Yacht Clubs de tous les pays étrangers. C’est la naissance de l’America’s Cup.

Quelques règles sont définies pour l’obtention du trophée. Ce « deed of gifte » précise cependant que toute règle peut être remise en cause par consentement mutuel. Ce corpus originel est, depuis l’origine, l’objet d’interprétations donnant lieu à des disputes juridiques qui font partie du folklore et, surtout, de la légende de la Coupe.

Il faudra attendre la fin de la Guerre de Sécession et 1870 pour voir le « Cambria » britannique pointer la proue au large de Staten Island à New York pour y défier une flotte de dix-sept goélettes américaines. Depuis, seuls quatre pays ont remporté l’aiguière d’argent. Les Américains détiennent le record absolu avec vingt-neuf victoires, la Nouvelle-Zélande a gagné à trois reprises (1995, 2000 et 2017) et la Suisse, par deux fois (2003 et 2007), alors que l’Australie fut, en 1983, le premier pays à avoir réussi à faire vaciller la domination américaine après cent trente-deux ans de règne absolu sur ce combat naval entre gentlemen.

La loi du plus fort

Conséquence de cette suprématie, la compétition s’est essentiellement déroulée aux Etats-Unis, le vainqueur et défenseur du titre (le « Defender ») ayant non seulement le choix de la périodicité, des armes (en l’occurrence le type de bateau) mais également des lieux. Hors New York (de 1870 à 1920), Newport (de 1930 à 1983), San Diego (de 1988 à 1995) et San Francisco (2013), seuls Freemantle, en Australie (1987), Auckland (2000, 2003 et cette année), Valence, en Espagne (2007 et 2010), et les Bermudes, pour l’édition 2017, ont accueilli ce légendaire combat naval.

Avant la mise en place de règles donnant un cadre restrictif aux voiliers utilisés pour participer à la Coupe, les participants avaient libre choix dans l’architecture du bateau. Depuis la cinquième édition de 1885, huit jauges ont été créées à l’image des majestueux Class J, en passant par les 12M JI, et les multicoques, depuis 2010. Un crime de lèse-majesté pour certains ; un virage historique et indispensable pour d’autres. Adieu, donc, aux monocoques peu rapides, place aux multicoques équipés de foils, ces dérives courbes qui permettent de faire décoller les bateaux à plusieurs mètres au-dessus de l’eau. En volant littéralement à plus de 30 nœuds, ces nouvelles machines deviennent difficiles à suivre et nécessitent davantage de place pour évoluer : les zones de course ont donc été adaptées pour une plus grande sécurité…

Cette loi du vainqueur s’applique aussi aux phases éliminatoires, constituées depuis 1983 par la Louis Vuitton Cup, désormais intitulée Prada Cup. Elle permet de désigner, au terme de multiples régates entre challengers (trois cette année), le bateau qui ira défier le défenseur du titre, « Emirates Team New Zealand », en l’occurrence. C’est le défenseur qui choisit le plan d’eau de ces régates. Les épreuves consistent à effectuer un parcours défini entre plusieurs bouées.

Laboratoire technologique

Un bateau emportant une nation vers la victoire : si l’image est belle, la réalité est nettement plus complexe. Au fil des décennies, l’aspect financier et l’arrivée de grands sponsors ont redistribué les cartes, les bateaux portant désormais leur nom – celui du pays disparaissant totalement dans certains cas. Si, à l’origine, les équipages devaient être totalement composés de nationaux, la règle a bien changé : le mercato fait rage et les équipes surenchérissent pour s’offrir les plus grands skippers, sans se préoccuper de leur nationalité. Ainsi, le Néo-Zélandais Russel Coutts a-t-il remporté cinq fois l’aiguière d’argent pour trois équipes différentes : Team New Zealand, Alinghi, pour la Suisse, et Oracle, pour les Etats-Unis. 

A l’instar de la Formule 1 en automobile, l’America’s Cup est un extraordinaire laboratoire technologique naval. Depuis les débuts de la Coupe, Challengers et Defenders ont toujours été à l’avant-garde de la technologie. Que ce soit dans le design architectural, l’utilisation des matériaux ou l’analyse de milliers d’heures de navigation, la compétition a servi de bureau d’études grandeur nature pour la voile et pour toute l’industrie navale. Avant le passage aux multicoques – les Class America –, les derniers monocoques officiels de la Coupe naviguaient entre 10 et 15 nœuds. Très maniables et capables de virer sur place, ils offraient un spectacle élégant mais lent. Place, désormais, aux multicoques volants capables d’atteindre des vitesses proches des 50 nœuds –  l’équivalent de 92,6 km/h. 

Le premier multicoque est apparu en 1988, lors de la 27e édition. Le « Stars and Stripes US1 » défia le monocoque « New Zealand KZ1 ». Mais il faut attendre 2010 pour qu’ait lieu la toute première confrontation entre deux monocoques, en l’occurrence un catamaran (suisse) et un trimaran (américain).

Voiliers volants

L’année 2013 marque l’arrivée du AC72, un catamaran technologique de 22 m de long au coût si prohibitif que seules trois équipes ont pu présenter un bateau capable de se mesurer à l’équipe d’Oracle Team USA. Après cette édition, les Américains, détenteurs de la Coupe, ont revu leur copie à la baisse avec un bateau plus petit au budget mieux maîtrisé permettant l’arrivée d’un plus grand nombre de Challengers. Les Class AC imposent une longueur maximale de 15 m et 8,48 m de largeur maximale. L’aile qui permet de faire avancer le bateau doit mesurer au maximum 23,60 m. Quelques détails permettent aux différentes équipes de se différencier comme les appendices (foils et safrans), la structure de l’aile, le carénage ou bien encore les systèmes de contrôle du bateau.

Avec l’arrivée des AC75, ce sont les « voiliers volants », monocoques sans quille mais aux bras oscillants les soulevant au-dessus des flots, qui sont entrés en lice dans la baie d’Auckland depuis quelques mois dans la lutte pour l’America’s Cup 2021. Le lauréat de la Prada Cup, le défi italien de Luna Rossa, s’est octroyé finalement le droit d’affronter Team New Zealand au meilleur des sept victoires, pour la conquête du plus prestigieux trophée du monde nautique.

Team New Zealand remporte la 36e America’s Cup

Team New Zealand n’aura eu besoin que de dix régates pour conserver l’Aiguière d’argent. Dans la baie du port de Waitemata, au large d’Auckland, l’équipage néo-zélandais, pourtant mal parti, a fait le nécessaire pour prendre le meilleur (7-3) sur le défi italien de Luna Rossa, et remporter la 36e America’s Cup.

Mené 3-2 par leur challenger italien, Team New Zealand, s’est offert cinq régates d’affilée pour conserver le fameux ‘Auld Mug’ au terme d’une bataille navale impressionnante.  La logique a donc été respectée malgré le début de compétition impressionnant des lauréats de la Prada Cup. Le skipper Peter Burling et son équipage conservent le titre conquis en 2017 aux dépens des américains d’Oracle Team USA.

C’est le quatrième succès du défi néo-zélandais dans cette mythique épreuve après les sacres de 1995, 2000 et donc 2017. Et sans doute pas le dernier, puisque Team New Zealand partira encore avec les faveurs du pronostic, en 2022 au large de Cowes, pour tenter un triplé inédit pour un équipage non-américain.

OMEGA au cœur de la course

Pour cette 36e édition de l’Auld Mug, l’horloger suisse Omega, chronométreur historique des jeux Olympiques et également partenaire de l’Emirates Team New Zealand, est fier d’annoncer son rôle de chronométreur officiel de l’événement. Ce partenariat est célébré avec une montre exclusive en édition limitée, l’«Omega Seamaster Planet Ocean 36th America’s Cup Limited Edition ». Editée à seulement 2.021 exemplaires, c’est un modèle saisissant qui ressemble à un poisson dans l’eau. Le boîtier comporte un diamètre de 43,50 mm en acier inoxydable de haute qualité. La montre est combinée à un bracelet structuré en caoutchouc.

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