A sa septième participation, notre compatriote Thomas De Dorlodot, l’un des meilleurs parapentistes au monde, a atteint l’arrivée, après 1.138 km d’une véritable épopée à travers toute la chaîne des Alpes.


On peut le dire franchement : Thomas De Dorlodot, nous ne le connaissions pas avant de partir pour Salzbourg, lieu de départ de ce Red Bull X-Alps. Pourtant, il compte parmi les plus grands aventuriers de notre petit pays. Il a parcouru le monde dans les airs et sur les mers. Il a escaladé les plus hauts sommets. Il « réside », la plupart du temps, sur un voilier aux Canaries, avec sa femme Sofia et son tout jeune fils de quelques mois. Une vie de rêve, vue d’ici, mais une vie d’ascète aussi car tous ces exploits exigent une préparation exemplaire, à tous les niveaux.

Rarement nous avons côtoyé un athlète plus humble, plus disponible, plus humain que Thomas De Dorlodot, pourtant au sommet de son art. Certains pros du ballon, du guidon ou du volant feraient bien d’en prendre de la graine !

Pour notre part, il aura suffi de quelques moments, de quelques phrases, de l’un ou l’autre sourire échangé pour situer le bonhomme. Bon et homme.

« C’est le Vendée-Globe du parapente ! »

Un vrai défi

Du coup, l’envie était là, immense, de le suivre, jour après jour, dans ce qui, pour un parapentiste, est sans doute la course la plus dure au monde.

Le Red Bull X-Alps, c’est, en effet, 1.138 km de parapente et de marche pour relier, en douze jours maximum, Salzbourg à Monaco, en traversant toute la chaîne des Alpes. Par tous les temps, par tous les vents. Quand on ne vole pas, on trime, à pied, sur les pentes des cols autrichiens, italiens, français, avec 18 kg sur le dos. Car en plus de la voile (de 3,5 kg), il faut trimballer tout un matériel qui permet d’affronter cette nature, certes magnifique mais impitoyable, comme des raquettes gonflables, pour ne citer qu’un exemple, au cas où le parapente vous amène vers des neiges éternelles…

« Avant, il n’y avait aucune obligation de s’arrêter pour la nuit »

Obligés, par l’organisation, de dormir entre 22 h 30 et 5 h, les athlètes finissent, après douze jours d’un régime infernal, sur les rotules. Littéralement. Il leur faut des mois, ensuite, pour récupérer de leurs efforts.

« Avant, il n’y avait aucune obligation de s’arrêter pour la nuit », explique Thomas. « Mais c’était trop dangereux. Poussés par la volonté d’aller toujours plus loin, toujours plus vite, on finissait par s’endormir en vol, avec les conséquences que vous pouvez imaginer… »

Un travail d’équipe

L’épreuve, vu sa difficulté, a lieu tous les deux ans. Ce qui la rend encore plus mythique. « Pour moi, c’est le Vendée Globe du parapente. Le Red Bull X-Alps représente tout ce que j’aime. C’est vraiment unique. La préparation, l’entraînement, le travail d’équipe, la nature… La course est tellement intense et dure. C’est une épreuve qui vous oblige vraiment à vous redécouvrir, même si c’est la septième édition, comme c’était le cas pour moi. Les Alpes sont mon terrain de jeu. Etre seul, planant sous mon parapente ou sur le sommet d’une montagne, c’est magique ! »

L’athlète doit être secondé par une équipe, qui s’occupe non seulement de l’intendance, avant, pendant et après la course, mais qui suit aussi son athlète à la trace. Elle lui prépare à manger et, parfois, le borde dans son lit de fortune (Thomas passe ainsi des mois entiers, à l’entraînement et en course, dans son camping-car California mis à sa disposition par Volkswagen Belgique).

« L’équipe, c’est capital pour atteindre son but. Sans elle, pas de course, pas d’exploit. Vous n’imaginez pas tout ce que ce team doit régler comme problèmes. Et toujours en un minimum de temps. Sans parler du soutien moral. »

Le soutien moral est aussi assuré par sa femme Sofia (qui n’est pas en permanence sur la course car elle veut que sa moitié soit totalement concentrée sur son objectif) et son tout jeune fils Jack, déjà aventurier avant l’heure à force d’accompagner ses parents un peu partout sur le globe.

Pendant la moitié de l’année (au moins !), ils vivent à trois sur un voilier de 12 m récupéré au BRIC de Bruxelles alors qu’il y pourrissait depuis 7 ans en cale sèche…

Pour la première fois, en sept participations, Thomas est allé au bout de son rêve et au bout de lui-même en arrivant, enfin, à Monaco. Qui plus est en dixième position. Comme à chaque fois, en amerrissant, comme le veut la tradition, dans la Méditerranée, à deux pas d’une maison sur la plage jadis occupée par un certain Jacques Brel, il s’est dit qu’on ne l’y reprendrait plus. Trop dur, trop beau, trop tout. Et pourtant, il nous revient, quelques mois après son exploit, qu’il sera bien au départ de la prochaine édition. « Arriver à Monaco, c’était top. Dixième, c’était l’objectif. Mais en analysant ce qui a bien fonctionné et ce qui a moins bien été, je me dis que je peux faire mieux encore. »

C’est comme ça un athlète de haut niveau. « Citius, Altius, Fortius »…

Members Only partner and reporter

Comments are closed.