Passionnante et riche en rebondissements, l’histoire de la crème de La Mer ressemble à s’y méprendre au scénario d’un film américain. Un produit cosmétique devenu iconique, plébiscité par les V.I.P. et qui préserve ses secrets de fabrication depuis plus de 50 ans.  


Que celle qui n’a jamais entendu parler de cette crème de beauté me jette la première pierre ! Nous sommes à la fin des années 50, à la suite d’une explosion accidentelle survenue dans son laboratoire, le docteur Max Huber, physicien en aérospatiale à la Nasa, est blessé au visage et couvert de graves brûlures chimiques. Ni la science ni la médecine ne permettaient d’apaiser ses souffrances.

Il décide alors d’amorcer lui-même des recherches pour atténuer le mal et essayer de gommer les traces de ses cicatrices, en se focalisant sur les bienfaits régénérateurs du milieu marin qu’il connaît bien et aime tant. En effet, en observant les pêcheurs de la baie de San Diego couvrir leurs plaies avec des algues, il a l’idée de tester ces spécimens récoltés au large des côtes californiennes. Après un nombre incalculable d’expérimentations, plus de six mille dit-on, et douze ans de travail, il met en exergue les « superpouvoirs » réparateurs et antioxydants du varech.

Un « bouillon » miraculeux 

Les recherches de Max Huber ont abouti – grâce à un long processus de bio-fermentation – à transformer et à stabiliser le varech (ensemble des goémons et algues brunes, vertes ou rouges rejeté par la mer et qu’on récolte sur le rivage), mélangé à d’autres éléments naturels comme du calcium, du magnésium, du potassium, de la lécithine, du fer, des vitamines C, E et B12 ainsi que des huiles essentielles d’agrumes, d’eucalyptus, de germes de blé, de luzerne et de tournesol, en un « actif » devenu l’une des stars de la cosmétologie moderne : une sorte de « bouillon » marin qu’il baptise « Miracle Broth™ ». Précisons que l’algue est l’une des plantes qui connaissent la croissance la plus rapide au monde et possèdent des capacités d’auto-régénération remarquables. Cet élixir de renouvellement cellulaire se trouve au cœur de la crème de La Mer. Les résultats de Max Huber sont bluffants et allaient résolument transformer l’apparence de sa peau. Très vite, il fait breveter la « formule magique » qui se révèle être particulièrement efficace quant à ses propriétés hyper-nutritives, réparatrices, apaisantes et lissantes. La crème de La Mer telle qu’elle existe aujourd’hui n’est commercialisée qu’en 1996, après le décès de Huber, quand le Groupe Estée Lauder rachète la marque La Mer. Avant cela, sa production restait artisanale et un secret bien gardé ! Ce genre de « crème miracle » qu’on se refile entre gens de bonne compagnie, le tout entouré d’une aura de mystère. Malgré les notes du docteur Max Huber, il faudra un an aux équipes du géant américain de la cosmétique pour reproduire la composition à l’identique. Résultat : une crème épaisse, riche et onctueuse, qui ne renferme que très peu de conservateurs. Avant son arrivée en Europe, fin des années 90, on la rapportait des Etats-Unis… Le comble du chic !

Une crème V.I.P.

La longueur du processus de fermentation/maturation (entre 3 et 4 mois), la récolte à la main des algues marines (les meilleures sont récoltées dans l’île de Vancouver, dans l’océan Pacifique) et le soin avec lequel chaque pot est rempli manuellement afin de préserver l’équilibre de la crème de La Mer expliquent son prix élevé et sa rareté ; lesquels contribueront à en faire une marque de niche, une crème V.I.P.  « La Rolls-Royce des crèmes de soin », « le caviar des anti-âge », « mon assurance bonne mine », entend-on dire dans les salons huppés de Paris à Los Angeles ! Il faut dire que les produits de La Mer se sont positionnés, dès le départ, comme des produits cosmétiques pour « initiés », comptant sur le bouche-à-oreille pour en faire la promotion et le succès. Mode d’emploi : le Miracle Broth™ étant en suspension dans la crème de La Mer, il faut veiller à la faire « chauffer » entre ses doigts quelques secondes avant de la faire pénétrer délicatement dans la peau, deux fois par jour ; et cela, pour mieux libérer son principe actif. Précisons également qu’au début de sa commercialisation en Europe, on ne la trouvait que dans un nombre restreint de points de vente dûment sélectionnés et volontiers élitistes. Puis, au fil des années, le Groupe Estée Lauder va la décliner plus largement en une ligne de soins dédiée au visage et au corps, des sérums aux contours des yeux en passant par les démaquillants et les produits solaires. 

En édition limitée

Inutile de préciser que beaucoup d’hommes ont piqué la crème de leur femme ou de leur compagne et ont adopté ce produit (sans odeur parfumée) à l’hydratation sans brillance. En effet, ces messieurs représentent une part non négligeable de la clientèle de La Mer. Une ligne masculine ? Non, nous répond-on chez Estée Lauder, nous ne souhaitons pas développer un packaging spécifique. Récemment, la marque a lancé une nouvelle formule : La Mer Blue Heart Crème Regeneration Intense. En édition limitée. Sa texture luxueusement « rupturiste », à la fois riche et plus légère que la crème de La Mer initiale grâce à de minuscules sphères multicouches, a fait l’objet de plusieurs années de recherche. Les ridules et rides sont visiblement atténuées. Idéale pour les peaux très sèches. « And cherry on the cake » : elle symbolise l’engagement de La Mer dans la préservation des océans desquels elle tire les bienfaits de ses produits.

Members Only freelance reporter

Comments are closed.