Situé sur les vallons ondulés de la Toscane maritime, le domaine vinicole Fuori Mondo est conduit depuis une douzaine d’années par le vigneron belge Olivier Paul-Morandini qui, touché par la grâce du débutant, produit le plus naturellement du monde de très grands vins. Découverte.


Un vendredi midi, au « Toucan-Brasserie », à Ixelles. Jean-Michel Hamon, propriétaire des lieux, se faufile entre les tables saluant, ici et là, clients et autres habitués. La maison affichant plus de trente ans d’existence et d’excellence, ces derniers sont nombreux. L’un d’eux l’interpelle. Il attend un ami et a déjà repéré la belle côte à l’os maturée 4 semaines sur le tableau des suggestions du chef Cyril Jolivet et veut être surpris par une bouteille hors norme.

« Vigneron sur le tard »

Comme chaque fois qu’il parle de ce qu’il aime et de ceux qu’il admire, les yeux pétillants du patron s’illuminent. Oui, il a une idée très précise du vin qui pourrait séduire son hôte curieux et gourmand. Le restaurateur breton connaît personnellement la plupart de ses fournisseurs, lui qui sélectionne avec minutie chacun des produits fournis à ses tables. Suggérant un Libero, un rouge du domaine Fuori Mondo, il emmène son auditoire dans une région chère à son cœur : en Maremme, cette zone sauvage de la Toscane qui plonge dans la mer.

Situé sur les collines en amont de la côte, ce vignoble bénéficie de brises marines rafraîchissantes mais aussi d’une flore et d’une faune diversifiées qui exhalent des parfums particuliers. Depuis certaines parcelles de vigne, on peut balayer du regard la pointe de Punta Ala, les îles du Giglio et d’Elbe ou encore découvrir par temps clair les sommets de la Corse. « En matière de vins, le terroir offre une identité, la main de l’homme compte tout autant », précise Jean-Michel Hamon. Une façon de mettre aussi en avant la personnalité du propriétaire du vignoble : Olivier-Paul Morandini.

Autoproclamé « vigneron sur le tard », rien ne prédestinait ce Belge à investir ses maigres deniers dans un vignoble ni à devenir vinificateur de sublimes vins toscans. Pourtant, au gré des hasards de la vie, le fondateur de l’association qui a mis en place le numéro européen d’appel d’urgence s’est retrouvé devant ce paysage de rêve un beau jour de 2003, en même temps qu’il en dégustait un des vins locaux. Le coup de foudre fut tel que le jeune président du 112 n’eut cesse de revenir pour s’imprégner de l’âme des lieux et de leurs jus. Initié par le couple de propriétaires précédents, aujourd’hui décédés, il va apprendre plusieurs saisons de suite à conduire une vigne. En 2010, il devient maître des lieux et, réalisant le rêve d’une vie, s’installe enfin sur ses quatre hectares de vignoble.

« Obsessionnelle recherche de la fraîcheur »

N’étant pas fils ou petit-fils de vigneron, le novice revendique son ignorance et s’impose un apprentissage didactique. Notamment en vinifiant individuellement les douze cépages de ses parcelles dans des contenants différents ; ceci afin de pouvoir en déguster l’expression individuelle avant assemblage. Au menu : le sangiovese cher à la Toscane, du merlot, des cabernets sauvignons et francs en guise de grands classiques, sans oublier les alicante, ciliegiolo, colorino et autres cépages locaux capables d’offrir leur finition de caractère. L’exercice est à ce point probant qu’il décide de ne vinifier que des cuvées monocépage. Par ailleurs, soucieux de l’avenir de la planète, il convertit le domaine au bio et pousse plus loin la démarche en appliquant les principes de la biodynamie qui n’accepte pas d’entrants chimiques lors de la vinification.

« Malgré la richesse des vins, je cherche obsessionnellement à terminer sur de la fraîcheur, et ce, grâce au travail des sols, de justes maturités et de peu d’extraction pour terminer sur des élevages qui révèlent le fruit du vin », résume-t-il.

Le résultat est bluffant ! Catherine Mathieu, patronne de feu le resto étoilé « Cuisinémoi » remplacé par « Pépite », vibrante cave à manger à Namur, a, elle aussi, craqué pour ces vins. En sommelière émérite, elle commente : « Contrairement à beaucoup de grands toscans à la charpente souvent lourde, ceux de Fuori Mondo se caractérisent par leur légèreté et leur buvabilité, leur fluidité et leur élégance. »

Pour l’heure, Jean-Michel Hamon attend avec impatience ses caisses de Coquelicoter dont il aura quasiment l’exclusivité en Belgique, une cuvée qui s’annonce éminemment fruitée et estivale. A découvrir avec modération mais passion !

www.fuorimondo.com
www.toucanbrasserie.com
www.pepite-resto.be

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