Année particulièrement importante pour le constructeur bavarois, 2022 marque les 50 ans de ce qui installa définitivement son image sportive. Une image contenue dans une seule lettre, respectée par tous les amoureux d’automobile de la planète : M.


Au début des années 70, BMW profite depuis déjà 10 ans du nouveau souffle qu’ont offert les modèles de la famille « Neue Klasse », des familiales assez compactes plébiscitées en raison de leur tempérament sportif. On pourrait vous raconter l’histoire des 1800 Ti ou 2002 Turbo, par exemple, qui ont engendré la Série 3 et sont aujourd’hui très prisées des collectionneurs. Mais ce n’est pas le sujet du jour. Le fait est que BMW a donc redoré son blason sportif, bien aidée par la foule de pilotes qui utilisent ses modèles en compétition. Les courses de voitures de tourisme sont d’ailleurs formidablement populaires à cette époque, et BMW réalise que s’y engager de façon officielle pourrait être extrêmement porteur. Voilà comment, le 1er mai 1972, est fondée, à Munich, la société BMW Motorsport GmbH.

Débuts canons

La jeune branche sportive se compose alors de 35 personnes, sous la direction de Jochen Neerpasch, ex-pilote d’usine Porsche et ex-directeur du département sportif de Ford. En à peine quelques mois, l’équipe dispose d’une usine de pointe de 8.000 m² et peut se mettre au travail. En 1973, les deux premières BMW Motorsport sont prêtes à en découdre : une 2002 portée à 240 chevaux pour moins d’une tonne et surtout un modèle qui fera directement entrer le M dans l’histoire : la légendaire et impressionnante 3.0 CSL, dont les appendices aérodynamiques lui vaudront d’être surnommée « Batmobile ».

Pour cette toute première saison disputée de façon officielle, BMW Motorsport ne se fait pas trop d’illusions. Et pourtant… Avec son 6 cylindres en ligne de 3,3 litres délivrant 340 chevaux pour seulement 1.090 kilos, la 3.0 CSL s’impose d’entrée. Titres pilotes et constructeurs au Championnat d’Europe de Voitures de Tourisme 1973 et à nouveau de façon ininterrompue de 1975 à 1979. La « Batmobile » s’impose aussi dans sa catégorie aux 24 Heures du Mans dès sa première participation. En clair, elle est LA voiture à battre et pas seulement en Europe. Dès 1975, elle fait briller les couleurs BMW M (bleu, violet et rouge, comme vous le savez évidemment) dans les championnats américains. Et, bien entendu, la notoriété que se créent les « bavaroises » de compétition aux USA profite à toute la marque.

Enfin, on peut encore épingler une médaille mythique à la 3.0 CSL. En 1975, le commissaire-priseur et pilote amateur Hervé Poulain choisit la BMW pour disputer les 24 Heures du Mans mais il voudrait que sa voiture sorte du lot. Il demande alors à son ami Alexander Calder, peintre et sculpteur de renom, de décorer la voiture. Ainsi naquit ce qui est depuis une tradition BMW, les « Art Cars » !

Du circuit à la route

Nous l’avons dit plus haut, les succès des BMW M en compétition attirent évidemment les clients désireux de conduire une voiture pleine de caractère. Et pour satisfaire cette demande, les ingénieurs M sont priés de se pencher sur la nouvelle famille de berlines BMW, la Série 5. Dès 1974, apparaissent les 530, 530i et 533i. Derrière une apparence normale, non seulement ces dernières ont jusqu’à 200 chevaux sous le capot (pour resituer les choses, c’est à peu près la puissance des Porsche 911 de l’époque) mais elles profitent aussi d’améliorations sensibles aux suspensions et aux freins. Ce sont donc de véritables voitures de sport. Et ce n’est qu’un début !

En 1979, est lancée la version ultime de cette génération de la Série 5. Elle revendique 218 chevaux et s’appelle M535i. Si elle est le premier modèle de grande série à porter fièrement la lettre magique, elle n’est toutefois pas la première BMW M de route…

M1

Car en 1978, BMW Motorsport tente un pari d’une audace folle : créer sa propre voiture de sport, qui ne soit pas dérivée d’un modèle BMW classique. Les ingénieurs repartent de la BMW Turbo, concept de supercar à moteur central présenté au Salon de Genève 1972, qui aurait pu devenir réalité sans le choc pétrolier de 1973. Signée Giugiaro, la carrosserie en fibre de verre haute d’à peine 1,14 mètre cache un moteur 6 cylindres en ligne de 3,5 litres et 277 chevaux, posé dans un châssis étudié par… Lamborghini. Malgré son look spectaculaire et sa fiche technique impressionnante, la M1 ne fut jamais un succès, ni sur le plan commercial, ni sur le plan sportif. Elle n’a été produite qu’à quelque 450 exemplaires. Pourtant, elle a marqué les esprits et est entrée dans la légende, notamment grâce à une riche idée du directeur de Motorsport : le championnat monomarque (et même monomodèle) BMW M1 Procar Championship. Ainsi, en 1979 et en 1980, une série de M1 préparées pour la course étaient confiées à des pilotes de F1, qui se tiraient la bourre en lever de rideau des Grands Prix. Niki Lauda fut sacré champion de cette coupe, en 1979, et Nelson Piquet, en 1980.

Formule 1

Tout département sportif qui se respecte a forcément un jour ou l’autre envie de s’essayer dans la catégorie reine. C’est chose faite en 1982, quand les monoplaces Brabham reçoivent un moteur BMW M. Basé sur un moteur de grande série, ce 4 cylindres 1,5 litre turbo développe… 800 chevaux ! Grâce à ce petit monstre, Nelson Piquet est sacré champion du monde en 1983, et c’est aussi la première fois qu’un moteur turbo décroche le titre suprême. Certes, des soupçons de triche entachent quelque peu ce résultat mais Renault – rival numéro 1 de BMW cette année-là – n’ayant pas voulu porter réclamation, l’histoire a retenu le nom de la marque allemande. Jusqu’en 1987, BMW M équipera aussi d’autres équipes F1, comme Arrows ou Benetton. 

E30

Ces 50 années sont riches de tant de choses à raconter que les pages nous manquent pour le faire. Et s’il faut choisir un sujet pour clôturer, ce sera évidemment celle qui, à notre avis, a véritablement fait du M un label révéré par toute la planète automobile. En 1986, la Série 3 E30, lancée quatre ans plus tôt, reçoit la touche Motorsport et devient la M3. Dans sa première itération, elle développe 200 chevaux (195 pour les versions catalysées), puis jusqu’à 238 pour la M3 Sport Evolution, et bien plus encore après passage chez certains préparateurs comme Alpina, Hartge ou AC Schnitzer. Le succès est phénoménal, tant sur circuit que sur route, puisque le nombre de victoires en compétition est tout simplement incalculable et que plus de 17.000 exemplaires « civils » sont vendus. Indiscutablement, c’est la M3 E30, première d’une dynastie plus vivante que jamais, qui a fait des BMW M de véritables icônes populaires. Et à 50 ans, Motorsport est prêt aujourd’hui à relever le grand défi de notre époque : celui de l’électrification !

Members Only freelance reporter

Comments are closed.