Même si, dans l’inconscient collectif, Porsche se résume à la 911, il y a, dans l’histoire du constructeur, bien plus de voitures mythiques qu’on ne le croit. Tour de piste avec la crème de la crème.


Pour cette évocation, « Members Only » a choisi, avec un zeste de subjectivité, de mettre en avant dix modèles phares. Voici donc les Porsche qu’il faut retenir pour briller lors des dîners branchés en ville !

Type 64 (1939)

Cette voiture est plus vieille que le constructeur, puisque Ferdinand Porsche l’a créée en 1939 pour battre des records, avant même qu’il ne fonde réellement sa marque. Si ses formes évoquent immanquablement la KdF-Wagen, alias la VW Coccinelle, ce n’est pas uniquement parce que la Type 64 partage sa mécanique avec la populaire allemande : c’était, semble-t-il, une obligation contractuelle. Son moteur de 50 ch lui permettait d’atteindre 160 km/h en pointe. Seuls trois exemplaires ont été produits. Un fut détruit durant la guerre, un second fut utilisé par la famille Porsche et le troisième fut entreposé. Aujourd’hui, seuls deux exemplaires existent encore, dont un est exposé au Musée Peterson de Los Angeles. Quant à l’autre…

L’anecdote

L’autre devait être vendu par son actuel propriétaire autrichien à l’occasion des enchères RM Sotheby’s de la Monterrey Car Week 2019. La Type 64 était estimée à quelque 20 millions de dollars et aurait pu en rapporter 50. Mais suite à une bourde d’un des organisateurs, qui a mal entendu l’enchère d’un candidat acheteur, confondant « seventeen » et « seventy » (17 et 70), la vente a dû être annulée.

Porsche 356 (1948-1965)

L’histoire de Porsche commence véritablement avec la légendaire 356, premier modèle à arborer à la fois le nom de son créateur et les armes de Stuttgart. Dès son lancement, elle fait immédiatement sensation car en dépit de sa modeste mécanique, toujours dérivée de celle de la Volkswagen, mais à la faveur d’un poids plume, elle est capable d’en remontrer à des sportives plus imposantes et bien plus puissantes, et cela, à un prix nettement inférieur. Ce qu’on retiendra surtout est que ce modèle, créé par Ferry Porsche, le fils de Ferdinand Senior, a donné naissance à la silhouette définitive de la marque, particularité dont aucun autre constructeur au monde ne peut se targuer.

L’anecdote

Si avec la 356, Porsche devient un vrai constructeur, il est d’abord un constructeur… sans usine. Les 50 premiers exemplaires sont, en effet, assemblés à Gmünd, en Autriche, et ce n’est qu’en 1950 que la production commence sur le site historique Porsche de Zuffenhausen. Il est aussi à noter qu’entre 1961 et 1962, près de 800 Porsche 356B Roadster ont été construites par… D’Ieteren.

Porsche 550 (1953-1955)

La 550 est capitale dans l’histoire de la marque car si on excepte la tentative avortée de créer une F1 à la fin des années 40, il s’agit de la toute première Porsche créée pour la compétition. Elle a accompli sa mission car la 550 revendique une très longue liste de succès. Elle était même si dominante à son époque qu’elle finit par imposer son architecture à toutes les voitures de sport qui se respectent. En effet, si toutes les supercars d’aujourd’hui ont le moteur en position centrale, c’est un peu grâce à elle.

L’anecdote

La 550 n’est pas légendaire qu’en raison de ses succès. De façon tragique, elle l’est aussi parce qu’une 550 bien particulière, surnommée « Little Bastard », s’est un jour crashée du côté de Los Angeles, tuant son jeune propriétaire qui, à 24 ans à peine et après seulement trois films à son actif, était déjà une icône d’Hollywood. Vous avez reconnu James Dean.

Porsche 911 (1964 – présent)

Nous y voilà. C’est en 1964 que naît « LA » Porsche, celle dont le constructeur ne peut plus se passer et qui a enterré toutes celles qui avaient été créées pour la remplacer. Agile, légère et en même temps délicate à conduire à la limite, la 911 devient rapidement pour nombre de passionnés la définition de la sportive idéale. Mais ceux-ci n’ont pas encore tout vu car dix ans plus tard, ils découvriront une 911 encore plus fabuleuse et plus délicate, la Turbo. Mais Porsche n’attendra pas dix ans pour que son bébé devienne culte, rencontrant un succès infiniment plus important que la 356, notamment sur un marché aussi crucial que les USA.

L’anecdote

Anecdote bien connue mais qu’il est toujours amusant d’évoquer : la 911 devait initialement s’appeler 901, et c’est d’ailleurs la nomenclature que portent les quelques premiers exemplaires sortis des chaînes. Mais un constructeur n’était pas d’accord : Peugeot, qui avait déposé les droits sur une nomenclature à trois chiffres avec un zéro au milieu. Voilà comment la 901 devint la 911. Mais finalement, est-ce que ça ne sonne pas mieux ?

Porsche 917 & 917K (1969-1970)

Deuxième intruse « compétition » de notre sélection mais pas un amoureux de Porsche ne niera que la 917 a sa place ici car c’est elle qui a écrit les premières lignes d’un palmarès prestigieux. Après une participation pour le moins décevante en 1969, la 917 offre à Porsche sa première victoire aux 24 Heures du Mans. Elle rééditera d’ailleurs en 1971 et à ce jour, avec 19 victoires, Porsche est le constructeur le plus titré de l’épreuve. 

L’anecdote

Ce qu’on sait moins, c’est que la 917 a failli tuer Porsche. Son développement a, en effet, englouti des budgets colossaux, alors que le constructeur était déjà en situation difficile. Il se dit d’ailleurs que la famille Porsche n’a jamais pardonné à son concepteur d’avoir mis la marque en danger et que c’est pour cela qu’il n’en a jamais pris la direction. Ce concepteur était un certain Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche. Mais Piëch aura sa revanche quand, alors qu’il en est le patron tout puissant, le groupe VW rachète Porsche en 2008.

Porsche 930 (1975-1977)

En 1975, ceux qui pensaient que la 911 était la sportive ultime doivent bien constater qu’ils s’étaient trompés. Cette année-là, Porsche sort la 930, plus connue sous le nom de 911 Turbo. Avec ses ailes gonflées et son incroyable spoiler arrière, elle est monstrueuse, dans le bon sens du terme. Délicate à la limite, la 930 l’était encore plus car la technologie du turbo n’était pas aussi maîtrisée et raffinée qu’aujourd’hui. Et si celui-ci se mettait à souffler lorsque la voiture était encore en phase de réaccélération dans un virage, la débauche de puissance déboulant sur les roues arrière causait au conducteur inattentif de sérieuses frayeurs. Ce n’est pas pour rien que la 911 Turbo était surnommée « Widowmaker », la faiseuse de veuves.

L’anecdote

C’est officiel : depuis l’actuelle génération de 911, l’appellation « Turbo » ne veut plus dire grand-chose. Chez Porsche comme ailleurs, le moteur turbo est, en effet, aujourd’hui la norme et à Stuttgart, le terme n’est plus qu’une façon de placer un modèle tout en haut de la hiérarchie. Preuve ultime que le mot est vidé de son sens, on nomme aussi « Turbo » la version la plus puissante de la Porsche Taycan, qui est… 100% électrique.

Porsche 928 (1977-1995)

Quel est le point commun entre la 928 et la Citroën Dyane ? Langue au chat ? Toutes deux ont été créées pour remplacer un modèle qui leur a finalement survécu. En effet, comme la Dyane n’a jamais réussi à prendre le relais de la 2CV, cette Porsche n’a pas pu remplacer la 911. Bijoux d’ingénierie pour l’époque (elle invente une architecture mécanique encore utilisée aujourd’hui ainsi que les roues arrière directionnelles), elle fut un demi-échec car elle remettait trop profondément en question les principes qui avaient fait le succès de la marque depuis ses débuts. Son plus grand crime ? Avoir un moteur V8 à l’avant. Les fidèles clients de la marque voyaient donc la 928 comme une Porsche pour Américains, et ont boudé le modèle.

L’anecdote

Nous le disions, la 928 a posé de nouveaux jalons en matière de technologie automobile. Elle était si bluffante qu’en 1978, après une Rover et avant une Simca, la Porsche se vit décerner le titre de… Voiture de l’Année ! On peut dire que le modèle dénote quelque peu dans le palmarès de cette élection et selon la rumeur, c’est suite à cette élection, pour ne pas être trop en décalage avec les attentes du public, que le jury a décidé d’introduire certains objectifs de production parmi ses critères de sélection.

Porsche 959 (1986-1993)

Au milieu des années fric, Porsche lance ce qu’on peut voir comme sa toute première supercar. C’est peut-être même la 959 qui crée le genre ! Sous ses airs de « simple » 911 bodybuildée, la 959 est bien plus que ça. Conçue sans se soucier des coûts, elle est la vitrine technologique du constructeur. Mieux : elle utilise tout ce que d’autres expérimentent plus ou moins timidement et y ajoute quelques innovations. En 1986, aucune autre automobile de route ne dispose de quatre roues motrices gérées électroniquement, ni d’amortisseurs pilotés qui adaptent leur hauteur en fonction de la vitesse. Aucune autre n’est équipée de deux turbos, de jantes en magnésium et d’éléments de carrosserie en kevlar. Par conséquent, aucune autre n’abat le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes, ne pointe à 330 km/h ni n’affiche une tenue de route aussi diabolique, tout en étant remarquablement luxueuse et confortable.

L’anecdote

Les connaisseurs le savent, les autres pas forcément. Quand on pense au succès en course de Porsche, on pense circuit, on pense Le Mans. Mais la 959 s’est illustrée loin du bitume. Après une tentative ratée en 1985, elle fait, en effet, le doublé au… Paris-Dakar ! La voiture qui décrocha la seconde place était d’ailleurs pilotée par un Belge. Déjà entendu parler d’un certain Jacky Ickx ?

Porsche Carrera GT (2003-2007)

20 ans après la 959, Porsche revient dans la catégorie des sportives superlatives, destinées aux plus fortunés de ce monde. Et pour à nouveau marquer les esprits, la décision est prise d’utiliser un moteur initialement créé au début des années 90 pour… une écurie de F1. Pas un 6 cylindres, pas un V8 mais bien un V10, dont quiconque a un jour entendu le chant ne l’oubliera jamais. Suite à la « normalisation » des supercars, a émergé une nouvelle catégorie, plus flamboyante encore : des voitures de plus de 600 chevaux baptisées hypercars. La Carrera GT est la représentante de Porsche dans cette catégorie et elle a face à elle de nouvelles venues déjà célèbres, comme Pagani et Koenigsegg, et une valeur établie, la Ferrari Enzo. Autant de modèles dont les prix tournaient autour du million d’euros à l’époque, et l’ont largement dépassé depuis.

L’anecdote

Près de 60 ans après la fin tragique de James Dean au volant de sa 550, l’histoire se répète. En 2013, un autre jeune acteur prometteur et passionné d’automobiles, le héros de la saga « Fast & Furious », Paul Walker, trouve la mort dans l’accident de la Carrera GT conduite par un de ses amis. « Live fast, die young… »

Porsche 918 Spyder (2013-2015)

Dix ans ont passé et la fameuse barrière des 600 chevaux est désormais allègrement franchie par n’importe quelle supercar. Il faut aller plus loin, et un moyen d’y arriver est d’utiliser une technologie appelée à se généraliser dans un monde de plus en plus soucieux des émissions de CO2 : l’hybridation. Curieux hasard (ou pas ?), les trois premières hypercars hybrides de l’histoire naissent en 2013 : la McLaren P1, la Ferrari LaFerrari et la Porsche 918 Spyder. 916 ch pour la première, 963 pour la seconde et « seulement » 887 pour la Porsche. Pourtant, si l’on regarde tous les comparatifs réalisés par la presse à l’époque (comparatifs non officiels, Ferrari s’opposant formellement à ce genre de tests), c’est le plus souvent la Porsche qui en ressort comme la plus aboutie. A quelque 800.000€, c’était aussi la moins chère du lot, l’anglaise et l’italienne étant vendues bien au-delà du million.

L’anecdote

La Porsche 918 Spyder prend aussi l’ascendant sur ses rivales en étant la plus… écologique. En effet, cette hypercar est une  hybride rechargeable, dont les batteries autorisent une autonomie électrique d’une trentaine de kilomètres. Ceci est donc une voiture essence de 887 ch homologuée à une moyenne de 3,1l/100km et 72g CO2/km !

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