Certains clubs de golf se veulent toujours très privés et exclusifs. Vraiment « Members only » ! Petit tour d’horizon non exhaustif de ces lieux sacrés où le commun des mortels n’a pas vraiment accès.


Le golf se conjugue toujours en mode privé dans de nombreux clubs aux quatre coins du monde. Numerus clausus, cooptation, droits d’entrées défiant la raison : les portes de nombreux Club Houses sont parfois fermées à double tour et réservées à quelques privilégiés. Nous avons choisi dix clubs très exclusifs qui symbolisent cette philosophie Members Only. Il y en a évidemment bien d’autres….oscillante, la platine ou les ponts.

 

Augusta National (USA)

Hôte, chaque année, du mythique Masters, l’Augusta National est un monument classé du golf mondial. Mais n’imaginez pas vous présenter au secrétariat pour solliciter naïvement un greenfee. Celui-ci n’existe d’ailleurs pas. Pour fouler les fairways du parcours géorgien, il faut obligatoirement être invité par un des 300 membres, triés sur le volet et qui acquittent un droit d’entrée tenu secret. Et ceux-ci n’ont droit qu’à trois invitations par an. C’est dire si, pour le commun des mortels, il est quasiment impossible de pousser les portes du Club House, où le port de la fameuse « green jacket » est obligatoire !

Augusta, c’est un « championship course » magique et d’une fascinante beauté, manucuré par une centaine de jardiniers qui coupent parfois le gazon avec des ciseaux !  Mais c’est aussi un état d’esprit à nul autre pareil. Longtemps, le club fondé par Bobby Jones n’accueillait pas les femmes. Sous la pression, deux « memberships » ont été récemment attribués à Condoleezza Rice, ancienne Secrétaire d’Etat, et Darla Moore, célèbre femme d’affaires. Tout évolue…

Muirfield (Ecosse)

La naissance de ce links de légende remonte, officieusement, à l’an de grâce 1774! Aux yeux des historiens,  l’Honourable Company of Edinburgh Golfers est le plus ancien club de golf du monde. Né à Leith, faubourg d’Edinbourg, il s’installa ensuite à Musselborough avant d’élire résidence en 1891 à…Muirfield, sur un 18 trous dessiné par Old Tom Morris.

Depuis, le parcours fait référence. Il a déjà accueilli 15 British Open et une Ryder Cup. Mais il a aussi conservé un parfum d’un autre temps. C’est l’un des derniers, en Grande-Bretagne, à ne pas accepter de « Ladies » parmi ses membres. Une règle-tabou qui a obligé le Royal & Ancient à le rayer, jusqu’à nouvel ordre, de la liste des  clubs hôtes du British. Mais, à l’évidence, cette sanction n’impressionne pas ces Messieurs qui continuent à fumer tranquillement le cigare au Club House. Le parcours est accessible aux visiteurs les mardi et jeudi à condition de jouer en formule de quatre balles et d’acquitter 220 Livres de greenfee.  Par 71 les hommes, le parcours devient un par 76 pour les femmes. Tout est dit.

Morfontaine (France)

Dans un coin retranché de la forêt de Chantilly, le Golf de Morfontaine vit caché, à des années lumières du brouhaha parisien et de son bling-bling clinquant. Fermé comme une huître, le club est réservé à ses 400 membres, invités à payer successivement une obligation, un droit d’entrée et une cotisation. Les patrons du CAC 40 sont, paraît-il, des habitués des lieux. François Mitterand aimait s’y ressourcer. Le parcours, balisé par les arbres centenaires, a été dessiné en 1927 par Tom Simpson sur un ancien terrain de polo du Duc de Guiche.  Il est d’une fascinante beauté naturelle.

En vérité, à Morfontaine, on est dans une autre France. Secrète et mystérieuse. Pas de luxe ostentatoire, à l’image de ce restaurant du Club House au charme très désuet. Juste de la tradition. Pour écouter le chant des rouges-gorges sur le tee numéro un, le visiteur extérieur doit être obligatoirement invité par un membre. Sinon, il restera bloqué devant le portail électrique. Ce n’est déjà pas si mal…

Cypress Point (Etats-Unis)

Sur la côte Pacifique, dans ce coin magique de la presqu’île de Monterey, le parcours le plus connu est sans conteste celui de Pebble Beach. Les connaisseurs privilégiés lui préfèrent pourtant son voisin de Cypress Point, véritable joyau dessiné par Alister MacKenzie en 1928. Là où Pebble Beach est devenu une usine à greenfees, Cypress Point est un club ultra-privé et qui veut le rester. Impossible d’y jouer sans être invité par un membre. Aucun greenfee n’est d’ailleurs affiché. Mais quel régal de swinguer sur un parcours d’une si fascinante beauté. Les premiers trous serpentent autour de dunes blanches. Les quatre derniers longent les falaises et sont souvent considérés comme les plus beaux du monde. Le trou n°16 (un par 3) est tellement bluffant qu’on se surprend à sortir de son sac son appareil photo plutôt que son club. Ce n’est pas un hasard si Nicolas Colsaerts, qui a eu la chance de fréquenter les lieux, place toujours Cypress parmi ses parcours favoris.

Les Bordes (France)

Créé en 1987 par le Baron Bich sur ses terres de chasse, le long  de la Sologne, Les Bordes est un petit chef d’œuvre d’architecture golfique. Dans un environnement naturel magique, l’architecte américain Robert von Hagge s’est régalé et a conçu un véritable défi technique et tactique avec des trous très spectaculaires ceinturés par les obstacles d’eau. Sur chaque tee de départ, l’humilité est obligatoire !

Durant de nombreuses années, Les Bordes était accessible aux visiteurs extérieurs.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Fermé en 2008 parce que les héritiers du Baron ne souhaitaient pas assumer les coûts démesurés de l’entretien, il a connu une deuxième vie agitée et compliquée. Il est désormais entre les mains d’investisseurs britanniques qui ont fait un parcours complètement privé, fermé à toute vie extérieure. Plus question de frapper à la porte du Club House. En attendant, sans doute, de nouveaux rebondissements…

 Pine Valley (Etats-Unis)

Caché au fond des bois dans la banlieue de Philadelphie, Pine Valley est unanimement considéré comme l’un des plus beaux parcours du monde. Peut-être même « le plus beau ». Dans le Guide Rolex, qui fait référence, il bénéficie d’ailleurs de la cote maximale de 100. Dessiné par George Crump en 1914, il est d’une grande difficulté en raison de son étroitesse, de ses bunkers, de ses pentes naturelles, de ses buissons et de ses greens rapides et ondulés. A l’instar d’Augusta, Cypress Point ou Seminole, le club fait partie des cercles les plus privés des Etats-Unis.  Seuls les membres, tous masculins, y ont droit de jeu, d’avril à octobre. Ils peuvent inviter occasionnellement un joueur extérieur. Les femmes ont accès au parcours uniquement le dimanche après-midi !

La Zagaleta (Espagne)

L’Espagne compte de nombreux parcours très privés, notamment du côté de Madrid. C’est le cas, notamment, du Puerta de Hierro ou du Club de Campo, réservé aux seuls « socios ». Sur la Costa del Sol, les clubs de Las Brisas, de Sotogrande et de Valderrama s’inscrivent dans le même état d’esprit et sont également difficiles d’accès. Mais c’est sans doute celui de La Zagaleta qui est le plus fermé. Niché sur les hauteurs de Marbella, il s’inscrit dans un complexe résidentiel de 900 hectares d’un luxe inouï, fréquenté par des milliardaires venus du monde entier. Le parcours de golf, œuvre de Bradford Benz, est exclusivement réservé aux membres propriétaires des villas et n’autorise donc aucune visite extérieure. Dommage car il propose des vues imprenables sur la Méditerranée et représente un sacré défi pour le swing…

Memphrémagog (Canada)

Le golf est un sport très populaire au Canada. Mais à) côté des nombreux parcours publics se cachent des clubs ultra-privés.  Le Memphrémagog est assurément l’un plus exclusifs du pays. Créé en 2007, au Québéc, par un petit groupe d’hommes d’affaires – dont Paul Desmarais Jr. et Jean Monty – il ne compte qu’une cinquantaine de membres, le plus souvent de puissants décideurs économiques de la région de Montréal. Le prix de la cotisation annuelle frôlerait les 200.000 dollars mais quand on aime on ne compte pas ! Notons que, dans le même esprit, Le Domaine Laforest, situé à Sagard (également au Québec), est encore plus fermé. Ce domaine appartient à la succession de Paul Desmarais Sr., ancien associé d’Albert Frère.  Il comprend un château de style renaissance italienne, des jardins à perte de vue et, surtout, un parcours de golf que Tiger Woods aurait qualifié de « somptueux ». Mais, vous l’aurez compris, il n’est pas simple de le vérifier…

Koganei (Japon)

Au Japon, le golf a conservé une étiquette assez élitiste. De nombreux clubs sont ainsi réservés à une véritable élite financière. C’est notamment le cas du Koganei, situé près de Tokyo et considéré comme le plus privé en pays nippon. Fondé en 1937, ce parkland, qui serpente dans la forêt, porte la griffe du mythique champion américain Walter Hagen. Fait rare : il propose deux greens par trou! Koganei est l’exemple du parcours exclusif « made in Japan ». Le club compte seulement 300 membres, tous de sexe masculin et âgés de plus de 30 ans (c’est dans les statuts). Le port du veston est obligatoire dans le Club House. Le coût de l’inscription est tenu secret mais il se chuchote que le droit d’entrée avoisinerait les deux millions d’euros. A ce tarif, on peut comprendre que les greens soient manucurés et le service exceptionnel. Le visiteur est le bienvenu s’il est invité par un membre.

Ravenstein (Belgique)

En Belgique, le Ravenstein (Royal Golf Club de Belgique) est historiquement considéré comme le plus privé. Créé à Tervueren à l’initiative du roi Léopold II en 1905, ce parkland aux allures de jardin botanique est une pure merveille qui fait le régal de ses membres, souvent issus des grandes familles de la noblesse ou du corps diplomatique. Le Club House – l’ancienne ferme du manoir de Ravenstein – a gardé son ADN d’autrefois à l’image de sa terrasse où il fait si bon luncher à l’ombre des arbres centenaires.

Au fil des ans, le club s’est légèrement ouvert. Désormais, il accepte, sur réservation, les visiteurs extérieurs en semaine. Mais il a conservé ses codes et une tradition « Vieille Angleterre » qui lui sied comme un gant. La cravate n’est plus obligatoire dans la salle de restaurant. Mais, en été, les messieurs ne peuvent porter le bermuda qu’avec des bas qui remontent à hauteur des genoux. Et les compétitions commerciales  ne sont toujours pas les bienvenues. Ce sont les familles qui offrent les prix des concours.

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