Ce parcours de golf unique en son genre, dessiné par le célèbre architecte Robert Trent Jones, dans le sud de la France, est réservé à ses seuls copropriétaires. Secret et d’une rare beauté naturelle, il possède même un système de climatisation pour ses greens. Comme à Augusta. Découverte exclusive d’un lieu de rêve fermé à double tour.


C’est probablement le club de golf le plus privé d’Europe. C’est aussi l’un des plus beaux et des plus secrets. Situé au cœur du massif des Maures, dans la campagne varoise, entre Draguignan et Sainte-Maxime, le Vidauban Golf Club est fermé à double tour et réservé à ses seuls copropriétaires, à leur famille et à leurs invités.

De l’extérieur, le domaine, perdu au milieu d’une petite route départementale parfumée de vignes, n’attire guère le regard du passant. Mais une fois la grille d’entrée ouverte, on s’invite dans un autre monde avec, en fond d’écran, un parcours d’une incomparable beauté naturelle, balisé par les cyprès et les pins parasols et manucuré comme un jardin d’Eden. « Il porte la signature du célèbre architecte Robert Trent Jones Senior, auteur de quelques chefs-d’œuvre comme Valderrama, Sotogrande, Troia, Oakland Hills ou Hazeltine. Tombé amoureux de la région dès les années septante, il y acheta une parcelle de près de 1.000 hectares et décida d’y sculpter, à la fin de sa vie, ‘le plus beau parcours du monde’ avec, en toile de fond, un ambitieux concept immobilier », raconte Cyprien Comoy, actuel directeur.

Ainsi naquit, au début des années 90, « Le Prince de Provence », nom de baptême du lieu. Pour Jones, c’était le championship course ultime, l’investissement d’une vie. Malheureusement, les étoiles n’étaient pas alignées dans le bon sens. Mal ficelé, son business-modèle fut vite rattrapé par la rigueur inflexible des banques avec, à la clé, un feuilleton judiciaire et une saisie du domaine. Fin du premier chapitre.

Mais il était écrit qu’un parcours d’une si fascinante dimension, véritable œuvre d’art, ne pouvait pas mourir ainsi. En 1997, grâce à quelques investisseurs privés venus de Norvège et passionnés de swing, la propriété renaquit discrètement de ses cendres pour se transformer, au fil des ans, en une sorte de copropriété immobilière avec golf ! Aujourd’hui, le Vidauban Golf Club compte quelques actionnaires venus des quatre coins du monde et seuls autorisés à jouer le parcours.

Et quel parcours : une véritable carte postale, subtil mélange de Valderamma et d’Augusta National avec une nature luxuriante en guise de paysage permanent. Un régal pour les yeux mais un véritable défi pour le swing. Car le dessin originel de Robert Trent Jones Senior n’a pas varié d’un iota, ou presque. Seul son fils, désireux de prolonger le rêve, a apporté récemment quelques retouches. Mais l’héritage du crayon du maître est toujours là, omniprésent dans chaque détail. Solennel et magique. Ici, tout est manucuré par une quinzaine de jardiniers, y compris les contours en fétuque des grands bunkers couleur linceul posés aux endroits stratégiques. Et que dire des greens rapides comme le marbre de Carrare et illisibles comme le hiéroglyphe égyptien ? Il faut sans doute emmener son putter à Augusta pour trouver une équivalence en termes d’excellence, de vitesse et de régularité. A l’instar du club géorgien, Vidauban bénéficie, d’ailleurs, d’un ingénieux système de géothermie souterrain (« SubAir ») qui active une combinaison très pointue de ventilation et d’aspiration. Résultat : tout au long de l’année, la température du gazon est gérée agronomiquement avec, en prime, un séchage à la demande. Qu’il fasse 40 degrés au cœur de l’été ou qu’il gèle en plein hiver, les greens affichent toujours la même qualité. Le coût d’une telle installation est tenu secret par les propriétaires. Mais quand on aime, on ne compte pas et la perfection n’a pas de prix.

Très scénique, avec ses pierres maquillées de lichen, ses mares temporaires, ses pins parasols, ses chênes liège, ses lavandes et ses orchidées sauvages, le parcours est aussi d’une passionnante difficulté technique. Il faut jouer juste, poser la balle au bon endroit et, surtout, maîtriser les greens diaboliques pour relever le challenge et ramener une bonne carte de score sur ce par 72 de 6.391m (boules noires). Mais, grâce aux cinq tees — trois Messieurs, deux Dames —, les joueurs de tous les niveaux trouveront évidemment leur bonheur.

Ce n’est pas un hasard si, invités par des membres, quelques champions du circuit professionnel bénéficient du privilège de s’y entraîner occasionnellement. C’était notamment le cas de Nicolas Colsaerts qui, lorsqu’il résidait à Monaco, aimait chasser les birdies dans ce sanctuaire à la gloire du golf. Thomas Pieters et Thomas Detry y ont également fait escale en compagnie de leur coach, Jérôme Theunis.

Pas besoin d’un dessin : Vidauban fait des envieux et attise la curiosité. « Il ne se passe pas un jour sans que nous ne recevions un coup de téléphone de passionnés désireux de découvrir le parcours. Mais il n’y a pas d’exception. Ici, le green-fee n’existe tout simplement pas », précise Cyprien Comoy.

Les règles pourraient légèrement évoluer dans les prochains mois avec pour objectif de toucher une nouvelle génération de membres via un droit d’entrée. Mais pas question, bien sûr, d’ouvrir le club aux quatre vents.

En vérité, Vidauban ne ressemble à aucun autre club de golf. Tout y est déroutant. Une dizaine de joueurs sur le terrain, cela équivaut à une journée de grande affluence. Les trous ne sont même pas numérotés : par définition, les membres connaissent le chemin à suivre. Et tout est à l’avenant. Le restaurant-terrasse du club-house ne propose pas de carte. Mais le proshop est néanmoins ouvert toute l’année. Au cas où…

Volontiers jalousé, le domaine a parfois suscité des polémiques d’ordre politique, notamment au niveau écologique. Mais, depuis plusieurs années, il a fait du respect de l’environnement et de l’écoresponsabilité une véritable priorité. En créant dans ce dessein une fondation en 2007, il s’érige même désormais en élève modèle. « Notre objectif premier est d’intégrer à nos activités golfiques la biodiversité de la Plaine des Maures et de préserver la faune et la flore », rappelle Cyprien Comoy.

Le partenariat conclu avec le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris va clairement dans ce sens. Il a permis de répertorier des espèces encore inconnues pour la science et de favoriser la survie d’animaux en danger. La tortue d’Hermann, devenue l’emblème du club, en est un bel exemple. Classée comme espèce menacée par l’Union Internationale pour la préservation de la nature, elle trouve sur la propriété du golf son habitat naturel le plus favorable. Les lézards ocellés, les renards, des oiseaux rares et certains insectes vivent également en toute sérénité dans ce havre de paix, sis à des années-lumière du brouhaha des villes. Parallèlement, les terribles incendies de forêt qui ont ravagé la région de Vidauban en 2003 et en 2021 ont prouvé que le golf pouvait aussi servir de pare-feu sauveur de vies.

Le concept de Vidauban est complètement atypique. Extraordinaire, dans le sens premier du terme. Mais, là-haut, Robert Trent Jones Sr. peut être fier de son œuvre. Sa « plus belle réalisation », comme il se plaisait à le dire, est entre de bonnes mains.

« I had to somehow get involved with golf in some big way » citation de Robert Trent Jones extraite du livre « A difficult » par James Hansen

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