Ce Relais & Châteaux, ceinturé par l’océan, décline la Bretagne à tous les modes. Avec une préférence pour le plus que parfait. Découverte des lieux avec le propriétaire Bertrand Jaquet.


« Cap sur la Bretagne, mon capitaine. La vraie. Celle qui fait swinguer les embruns… »

Direction donc le Domaine de Rochevilaine, à Pen Lan, sur une presqu’île rocheuse bercée par les quatre vents. Google Maps à l’appui, nous sommes dans le Sud du Morbihan, à quelques kilomètres de Vannes. En vérité, nous sommes en dehors du temps, à des années lumières du brouhaha des villes. Alors, on se moque du wifi. Ici, les marées rythment l’agenda et le cliquetis des vagues donne le tempo. «Je peux m’installer devant l’océan toute une journée sans me lasser une seconde » confie Bertrand Jaquet, propriétaire de cet établissement cinq étoiles, étiqueté Relais & Châteaux depuis 2003.

Il a évidemment raison. Pour déconnecter, se ressourcer, trouver l’inspiration, il n’y a pas meilleure adresse. Comme dans le poème de Baudelaire, les  parfums, les couleurs et les sons se répondent. Et, en toile de fond, la mer dicte toujours sa loi, sans partage.

Poste de gué

Rochevilaine, c’est d’abord une histoire. Un lieu. Autrefois, par sa position géographique unique, l’endroit servait de poste de gué. Il est, en 1759, le témoin de la fameuse Bataille des Cardinaux où la flotte française subit un lourd revers. Au XIXème Siècle, Pen Lan devient la capitale des marais salants et de « l’or blanc ». Durant la Deuxième Guerre, il sert de théâtre du « Mur de l’Atlantique »avec ses plateformes pour canons et abris souterrains. Il en ressort meurtri et marqué à jamais.

En 1952, Henri Dresch acquiert les lieux et y ouvre une première auberge. Quelques années plus tard, Jean-Paul Liégeois, un médecin tombé sous le charme, se lance avec bonheur dans la construction d’un château tout de granit et inondé de soleil par une verrière intérieure.

Mais c’est en 1997 que le Domaine de Rochevilaine prend son véritable envol. Bertrand Jaquet, fort de sa grande expérience dans le secteur, prend le gouvernail du « navire » et en devient le premier propriétaire-hôtelier. Aujourd’hui, l’endroit fait référence avec un hôtel de luxe, un restaurant étoilé, un Spa de la dernière génération. Et, partout, des vues imprenables sur l’Atlantique.

Chambres avec vue

Suivez le guide. Entre manoirs, longère, château de granit et comptoir des Indes, les 37 chambres et suites s’ouvrent toutes sur l’océan. Chacune possède un caractère particulier selon son architecture, ses matériaux, son décor ou son emplacement.

Le grand Manoir renaissance (XVIème siècle), avec pierres et bois sculptés, dédie sa décoration à des thèmes particulier : les Signes du Zodiaque, la musique, les sept péchés capitaux, les saisons…

La Chambre de l’Amiral est réputée pour sa disposition en rotonde dont les nombreuses fenêtres offrent une vue à 270° sur la mer, permettant ainsi d’admirer le lever et le coucher du soleil.

Pour les amateurs de design, le Loft des Artistes est idéal. Ses 90 m² à fleur d’eau et ses 10 mètres d’ouverture sur la mer captent la lumière. Et tout est à l’avenant.

Jamais sans la mer

Sur place, la mer s’occupe de l’agenda, même lors du petit-déjeuner. Celui-ci propose, à sa carte,  trois menus dont celui – très spécial – des « accords marins ». A table, en marge des pains faits maison, on déguste du saumon mariné au sel, des huîtres creuses de Pénerf, de la chair de tourteaux et une crème « retour des îles » aux algues marines. Pour faire le plein des sens, c’est magique.

Le Spa Aqua Phenicia s’inscrit dans la même philosophie épicurienne. Les civilisations anciennes savaient tirer des éléments la quintessence de l’harmonie. C’est cet état d’esprit qui a guidé Bertrand Jaquet dans la création du premier Spa marin de France dans un espace de 1300 mètres carrés, face à la mer. La carte des soins est une invitation au bonheur avec, pêle-mêle, de l’hydrothérapie, des bains hydromassants, des enveloppements de boue, des douches à jets, une collection de massages et même un espace beauté griffé Marie Galland.

Gastronomie marine

Posé sur le rocher de la pointe de Pen Lan, le restaurant complète le tableau. Derrière ses 50 mètres de grandes baies vitrées, on se croirait au large, comme sur le pont d’un navire.

A la barre, on retrouve Cécile Jaquet, fille du propriétaire, pour superviser le service, et son mari, le Chef Maxime Nouail, pour régaler les papilles. Son vivier est face à sa cuisine : homards et crustacés, huîtres de la région, bars pêchés à l’île Dumet, soles de la Turballe et les fameuses langoustines du Guilvinec. Rien que du bonheur dans l’assiette avec, en prime, une carte de vins riche de 650 références dans une cave aménagée dans un ancien corps de garde !

Fier de son macaron Michelin, le restaurant est l’une des meilleures adresses gastronomiques de Bretagne.  Le menu homard en quatre services fait office de signature. Mais l’araignée de mer chaude et froide et sa bisque crémeuse, la volaille rôtie de la Ferme du Rahun, le ris de veau braisé et le Paris-Brest sont également de grands classiques. Ici, c’est le produit qui est toujours mis en avant.

La salle à manger a été récemment rénovée par l’architecte d’intérieur Chantal Peyrat. «L’idée était d’être encore plus près de la mer et de moderniser la décoration» explique Bertrand Jaquet. Le résultat est bluffant. Chantal Peyrat s’est imprégnée de l’esprit des lieux et s’est mise au service de son histoire : elle a conservé les éléments patrimoniaux – dont le parquet bicentenaire – et a fait entrer la lumière par un jeu de miroirs près des ouvertures. Pour que le rencontre du ciel, de la terre et de la mer soit encore plus intense.

Hors du temps

Oui, au Domaine de Rochevilaine, il est de bon ton de se laisser vivre. Au gré de ses humeurs et selon les saisons, l’hôte s’offrira l’une ou l’autre magnifique balade à pied ou à vélo, le long du sentier côtier, ou se laissera tenter par quelques excursions dans le Golfe du Morbihan et ses soixante îles ou à Vannes, charmante ville à l’ambiance médiévale. Il pourra aussi s’adonner aux joies du swing. Plusieurs parcours de golf sont situés dans un rayon de moins de 50 kilomètres : Baden, La Bretèsche ou le Rhuys Kerver, notamment.

Mais, comme le répète le propriétaire, s’abandonner à la contemplation de l’océan dans ce lieu hors du temps est déjà une occupation à temps plein. «Rochevilaine ne ressemble à aucun autre hôtel. C’est un lieu de villégiature différent, les pieds dans l’océan.  Ici, il faut poser ses valises et ses soucis et vivre l’instant présent sans trop planifier. Nous sommes ouverts durant toute l’année et chaque période a sa magie. Nous avons même des clients qui ne viennent que lors des tempêtes, tant le décor est majestueux » résume Bertrand Jaquet qui pilote la Maison en famille, avec Cécile et Maxime.  Tous sont guidés par un même fil rouge : la passion.

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