Rencontre avec le patron d’Eaglestone, société immobilière créatrice d’espaces de vie et de travail à haute valeur ajoutée.


Créé en 2010, Eaglestone est devenu un acteur incontournable dans le développement et l’investissement immobiliers. Son terrain de jeu ne se limite plus à la Belgique puisque son champ d’action s’étend également au grand-duché de Luxembourg et en France.

A la barre du navire, on retrouve deux commandants : Nicolas Orts et Gaétan Clermont. Une entente qui remonte à 1999, année où ils reprennent ensemble (et avec Amaury de Crombrugghe) CBRE Belgique. C’est également à deux qu’ils créeront CBRE Luxembourg, puis CBRE Suisse.
Pendant plusieurs années, Gaétan Clermont dirigera les trois entités (Belgique, Luxembourg et Suisse) de CBRE et quelque trois cent cinquante personnes. Mais le réel objectif de cet entrepreneur-né, formé aux études à Solvay (option Finance) et qui a commencé sa carrière à la banque Indosuez avant de la poursuivre chez DTZ (devenu Cushman & Wakefield), a toujours été de créer sa propre boîte.

Eaglestone germait en lui bien avant sa création. Dans pas mal d’entreprises, une direction bicéphale pourrait poser problème. Pas chez Eaglestone où les champs d’action des uns et des autres, en ce y compris ceux des deux associés-investisseurs que sont Stéphane Robert et la Compagnie du Bois Sauvage, entrés dans le capital tout récemment, sont bien définis.

Une vraie success-story

Même si dix ans se sont (déjà) écoulés depuis le lancement de la nouvelle aventure, Gaétan Clermont n’a rien oublié de ces instants magiques où les idées et la volonté ne manquent pas mais où tout reste à faire. « Nous avons démarré une activité de promotion immobilière avec de petits projets résidentiels », explique ce Bruxellois de 49 ans. « Petit à petit, Eaglestone s’est dirigé vers des projets plus grands, destinés surtout à reconvertir des immeubles de bureaux en logements. »

Le premier projet d’envergure s’appelle Twice (83 appartements le long du boulevard du Souverain, à Watermael-Boitsfort). Avec Nautilus, la barre est placée encore plus haut (200 appartements à la place d’un ancien entrepôt semi-industriel le long du canal à Anderlecht). « A mes débuts chez Eaglestone, j’ai réussi à lever beaucoup d’argent en émettant des obligations auprès d’investisseurs institutionnels », se souvient Gaétan Clermont. « Cela nous a permis de monter en catégorie et d’aborder des dossiers encore plus lourds. Nous avons pu remodeler un immeuble de 10.000 m2 au 250 de l’avenue Louise, en plein cœur de Bruxelles, puis nous avons racheté à Axa un bâtiment de 8.000 m2 rue du Commerce (Light On) que nous avons redéveloppé pour y installer le premier WeWork de Belgique et le revendre ensuite à un fonds d’UBS. »

Aujourd’hui, Eaglestone emploie vingt-cinq personnes à Bruxelles, dix à Luxembourg et quarante-huit à Paris, suite au rachat du promoteur immobilier et parisien Interconstruction. Eaglestone est aujourd’hui propriétaire de quelque quatre-vingts projets pour un total de 500.000 m2. Contrairement à d’autres, Gaétan Clermont ne croit pas que l’avenir du bureau à Bruxelles et dans le monde est compromis. Et la Covid-19 n’y changera rien. « Toutes les entreprises auront encore besoin d’espaces pour réunir et motiver leur personnel », dit-il à ce sujet. « Aujourd’hui, nous avons tous découvert la force du télétravail, c’est vrai, mais ce virus finira par disparaître, et l’on se dirigera alors vers une utilisation plus parcimonieuse du homeworking, par exemple un jour ou deux par semaine. La majorité du boulot se fera toujours au bureau, en équipe. »

Optimisme pour l’avenir

En cette année 2020 particulière, une chose est toutefois sûre : la demande de mètres carrés d’espaces de bureaux a brutalement chuté. « Mais elle sera compensée par les plus grands espaces qu’il faudra consacrer à l’avenir à chaque employé pour respecter les mesures d’hygiène et de sécurité », ajoute Gaétan Clermont. « Jusqu’ici, on était à 12 m2 par employé. Demain, on passera à 15 ou à 16 m2. Et puis, il y aura aussi la volonté toujours plus grande de créer des endroits où les employés pourront s’épanouir. Une fois que le virus aura disparu, nous assisterons à un réel effet de rattrapage. »

A ses yeux, le futur du bureau s’appuiera encore plus qu’avant sur deux piliers : la Covid et l’environnement. « Ce dernier point est d’ailleurs au cœur de nos réflexions depuis longtemps chez Eaglestone puisque dans tous nos immeubles, nous visons la certification environnementale Breeam « excellent » ou, au minimum, « very good ». Notre volonté est de devenir le plus rapidement possible totalement neutre en carbone. A ce sujet, on démarre à Woluwe-Saint-Lambert la reconversion d’un immeuble de bureaux en logements (The W), dont une grande partie sera en bois, ainsi qu’à Bruxelles, dans le quartier européen, un immeuble de bureaux dont les façades exposées au sud seront composées de cellules photovoltaïques pour que le bâtiment soit totalement autonome en électricité. »

Le problème quand on est devenu un acteur incontournable de l’immobilier, c’est qu’il faut tout faire ensuite pour le rester. Qu’importe. Eaglestone a beau souffler ses dix bougies, Gaétan Clermont est toujours dans les starting-blocks…

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