Ballesteros était bien davantage qu’un simple champion de golf. Son influence sur le jeu est toujours omniprésente. 


Le 7 mai prochain, la planète golf commémorera avec émotion le dixième anniversaire de la mort de Severiano Ballesteros. Le héros espagnol, si doué et si charismatique, a marqué plusieurs générations et a laissé un immense héritage. Son influence sur son sport est toujours omniprésente tant il était visionnaire et précurseur. A l’image d’Arnold Palmer, de Jack Nicklaus et de Tiger Woods, « Seve » a fait entrer le golf dans une autre dimension et a suscité des millions de vocations. C’était une icône absolue qui sert encore de référence à tous les champions d’aujourd’hui.

Né pour le golf comme Picasso pour la peinture, Ballesteros s’est constitué un palmarès exceptionnel durant sa carrière.  Passé professionnel en 1974, il a remporté nonante-quatre victoires, dont trois British Open, deux Masters et de multiples exploits en Ryder Cup. Son style de jeu crevait l’écran. Il inventait sans cesse des coups improbables, trouvait des trajectoires inédites sous les arbres, rentrait des putts venus d’ailleurs. « Je ne l’ai jamais vu sur le fairway durant 18 trous et, à l’arrivée, c’est lui qui gagne », s’exclama Nick Price après la légendaire victoire du matador de Cantabrie lors du British Open 1988. Ce jour-là, « Seve » avait même joué, au milieu des voitures, depuis le parking où sa balle s’était égarée !

Précurseur et visionnaire

Jusqu’aux années septante, le sport de St.Andrews était surtout pratiqué en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. En se hissant vers les sommets et en défrayant les chroniques par ses succès spectaculaires, Ballesteros a renversé tous les tabous et est devenu un champion médiatique et charismatique aux quatre coins de la planète. Premier lauréat européen du Masters d’Augusta, il a été à la base de l’explosion du golf dans les années 80 dans toute l’Europe, y compris en Belgique. Quelque part, il a dépoussiéré une discipline qui vieillissait sans se remettre en question. Imprévisible, atypique, génial, il rayonnait par sa classe et par sa personnalité. On ne voyait que lui.

Né à Pedrena, une petite commune proche de Santander, Severiano a fait ses classes sur les greens comme… caddie. Faute d’avoir les moyens d’être membre du club local, il s’entraînait sur la plage avec un fer 3 que lui avait offert son grand frère Baldomero. Et lors des nuits de pleine lune, il n’hésitait pas à franchir les barrières et à monter, en cachette, sur le parcours…

Le regard ténébreux, le geste fier, le sourire charmeur : « Seve » était adulé sur les cinq continents. De New York à Tokyo, c’était une vraie star. Fort de cette notoriété, il releva d’impossibles défis, y compris en dehors des parcours. Il fut, ainsi, à la base de l’intégration de joueurs européens au sein de l’équipe britannique de Ryder Cup en 1979 – une véritable révolution – et il imposa quasiment que le parcours de Valderrama, en Andalousie, accueille cette même Ryder Cup en 1997. Jusque-là, l’épreuve s’était toujours disputée en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis.

Un champion différent

Oui, l’Espagnol était un champion dans le sens plein du terme, qui ne laissait personne indifférent. Il était quasiment devenu une marque, un peu comme Fangio en automobile. « Tu te prends pour Ballesteros ou quoi ? » lancent encore aujourd’hui de nombreux joueurs amateurs en voyant un partenaire tenter un coup impossible.

On parle beaucoup aujourd’hui de la création d’un circuit mondial, réunissant les meilleurs joueurs de l’European Tour et du PGA Tour. « Seve » avait déjà eu cette idée voici quinze ans, tant il anticipait les évolutions. Que ce soit dans le rôle de joueur, de capitaine de Ryder Cup, d’architecte de nouveaux parcours, il était toujours en avance sur le temps.

Frappé en 2009 par une tumeur au cerveau, il s’est battu avec une incroyable détermination pour vaincre cette injuste bataille. Opéré quatre fois, il a repoussé très loin les limites du mal. Mais il a fini par perdre ce match-play déséquilibré. En champion.

« Un golfeur majeur sort du lot lors de chaque génération. Ballesteros en est le plus bel exemple. Il avait tout pour lui : le talent, la technique, la connaissance, le courage et le charisme », a fort justement résumé le champion américain Lee Trevino.

« ‘Seve’ était l’un des golfeurs les plus talentueux et les plus enthousiastes de l’histoire du golf. Sa créativité et son inventivité sur un parcours de golf ne pourront jamais être dépassées », a ajouté Tiger Woods.

Tout est dit.

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