Suivre un match de polo est un moment exaltant. Le must : regarder le timing du jeu sur sa Reverso. Côté « recto » une montre mécanique chic qui se retourne sur elle-même pour se protéger des chocs côté « verso ». Les sportifs adhèrent, les gentlemen adorent !


C’est assurément l’une des icônes de l’horlogerie moderne… créée à une époque où téléphoner était un luxe. Une montre chic et antichoc, osant toujours être elle-même, sans compromis, à travers neuf décennies de changements sociaux, d’évolution des goûts et de progrès technologiques.

C’est le 4 mars 1931, très exactement, que le Bureau des brevets de Paris recevait une demande pour enregistrer « une montre susceptible de coulisser dans son support et dont le cadran pouvait se retourner sur lui-même ». L’histoire de la Reverso commence par un défi : créer une montre-bracelet pour les joueurs de polo qui soit à la fois élégante et capable de protéger le verre et le cadran durant la « brutalité » du match. En voyage en Inde, où les officiers de l’armée britannique ont largement contribué à la popularisation de ce sport, César De Trey, homme d’affaires suisse, a l’idée d’un boîtier qui pourrait se retourner sur lui-même. Il en parle à son ami horloger Jacques-David LeCoultre et mandate un ingénieur français, René-Alfred Chauvot, pour lui dessiner ce boîtier. Ainsi est née l’idée du boîtier réversible, qui s’appellera tout simplement… Reverso.

 

90 ans d’innovation

Le succès est immédiat ! Expression par excellence du style Art déco et incarnation de la modernité, la Reverso est adoptée par des hommes de tous les horizons. Les boîtiers sont proposés en or et en acier inoxydable (Staybrite) et des modèles féminins apparaissent dans la foulée. Et quelle aubaine pour les artisans décorateurs des ateliers de Jaeger-LeCoultre ! Depuis 90 ans, graveurs, sertisseurs, émailleurs et autres maîtres du guillochage conjuguent leurs talents pour faire de la Reverso le reflet de leurs arts de la personnalisation, avec des cadrans au revers précieux, gravé, laqué, serti ou émaillé de dessins sophistiqués, réalisés sur commande. Ainsi le maharadjah de Karputala commanda des montres dont le fond émaillé reproduisait un portrait miniature mais très précis de sa femme ; les membres du British Racing Drivers Club voulurent une Reverso portant les armoiries de Eton College ; et l’acteur et dandy Gary Cooper assortissait, paraît-il, ses costumes avec autant de montres de qualité, dont une dizaine de Reverso différentes.

De spécialités en grandes complications, de garde-temps sportif en précieuse montre-bijou, la Reverso abrite des fonctions diverses pour accompagner hommes et femmes dans leur quotidien. Au cours des dernières années, grâce au renouveau de l’horlogerie mécanique, elle a réalisé un potentiel qui n’aurait pu être imaginé au moment de sa création. En 1991, par exemple, le slogan publicitaire « Un Style, Une Montre », qui célèbre la Reverso, inaugure le début de ce qui va devenir une collection complète : la Reverso « Duoface » est créée, expression unique du double fuseau horaire. Un double jeu d’aiguilles permet, en effet, d’afficher l’heure locale sur le cadran au recto et un deuxième fuseau horaire, sur le verso. Dans cette lignée, la Reverso « Duetto » est mise au point en 1997, interprétation féminine du concept de double cadran. Depuis sa création, et à travers 90 ans d’innovations et d’innombrables versions, la Reverso n’a eu de cesse de se réinventer tout en restant fidèle à son identité première.

La « Nonantième »

A l’occasion du 90e anniversaire de la Reverso, Jaeger-LeCoultre lève le voile sur sa toute dernière réalisation : la Reverso « Tribute Nonantième », associant plusieurs complications classiques pour un résultat visuel inédit. La « Nonantième » présente un cadran recto empreint d’élégance. Son boîtier en or rose (à godrons signature) renferme un cadran guilloché, doté d’index appliqués dorés et d’aiguilles « Dauphine ». Sur la moitié inférieure du cadran, l’affichage « phase de Lune » est situé à l’intérieur d’un cercle défini par le compteur « petite seconde ». Le fond de boîtier plein, en or rose, se caractérise par deux ouvertures arrondies de taille différente, disposées en forme de huit et entourées de godrons évoquant ceux rectilignes des parties supérieure et inférieure du boîtier. La petite ouverture supérieure affiche un indicateur des heures semi-sautant numérique. Cette complication, une première pour la Reverso, rappelle les affichages numériques développés par la manufacture pour ses montres dans les années 1930. A l’image des autres modèles Reverso à complications, la « Nonantième » accueille un nouveau mouvement à remontage manuel développé par Jaeger-LeCoultre : le calibre 826. Constitué de 230 composants, il indique la même heure des deux côtés de la montre et offre 42 heures de réserve de marche. Produite en édition limitée à 190 pièces.

Cette année est également l’occasion d’une fascinante exposition (Reverso Timeless Stories Since 1931) présentée au Modern Art Museum de Shanghai, puis à Paris jusqu’à fin décembre 2021. Jaeger-LeCoultre annonce aussi la publication d’un livre d’art, « Reverso », lancé en collaboration avec l’éditeur Assouline. En hommage à une montre iconique d’une rare longévité.

 

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