Il était une fois… un jeune orphelin allemand qui rêvait d’horlogerie. Symbole d’un luxe intemporel, Rolex a, depuis, accompagné les heures de milliers de gens, illustres et anonymes, et changé à jamais la façon dont on lit le temps. Misant sur l’innovation, la qualité et l’esprit d’aventure.


Hans Wilsdorf (1881-1960), fondateur de Rolex et inventeur de l’« Oyster », a révolutionné notre rapport au temps. Son génie ? Avoir compris l’utilité de porter une montre au poignet. En 1905, venu de sa Bavière natale, il se spécialise dans l’import/export de montres suisses de prestige. La saga de la marque horlogère la plus connue de la planète commence cette année-là, quand ce visionnaire crée, à Londres, la société Wilsdorf and Davis. En 1908, il enregistre la marque Rolex dotée d’un bureau à La Chaux-de-Fonds (Suisse). On pense que le nom Rolex viendrait de la contraction des mots « Horlogerie Exquise », à moins qu’il ne soit extrait des marques Rolls-Royce et Timex, dont lui et son associé Davis étaient fans.

La marque a signé une fascinante épopée horlogère en misant sur l’innovation, la qualité et l’esprit d’aventure.

Si Henry Ford n’a pas inventé la voiture, ni Steve Jobs le téléphone, Hans Wilsdorf n’a pas inventé le bracelet-montre auquel il croit fermement (NDLR : rappelons qu’à l’époque, porter une montre au poignet paraissait tout à fait extravagant, contraire à la conception masculine). Pourtant, à l’image de ces deux entrepreneurs géniaux qui ont révolutionné respectivement l’automobile et la communication, le fondateur de Rolex a changé à jamais la façon dont on lit l’heure. Présentée à Bienne, la première montre Rolex fait sensation. Les mouvements seront fabriqués à Bienne et le montage, le contrôle et la vente des produits Rolex se feront à Genève. Wilsdorf prouve qu’un mouvement suffisamment petit pour être logé dans un boîtier de bracelet-montre peut être d’une précision stupéfiante. Deux fois de suite, en 1914 et en 1915, les montres de Wilsdorf seront récompensées par un « certificat de bon fonctionnement » de classe A du célèbre Observatoire de Kew, en Angleterre. Accordé pour la première fois à un bracelet-montre ! Cette distinction reconnaît aux Rolex une précision équivalente à celle d’un chronomètre de marine, la référence absolue à l’époque. Dans les années 20, les convictions de Hans Wilsdorf sont donc confirmées : le bracelet-montre est parfaitement adapté à son époque et a sa place aussi bien au poignet d’un aviateur qu’à celui d’un pilote de course automobile. Alors âgé de 34 ans, celui qui est devenu maître horloger travaille sur le plus fou des projets : une montre absolument étanche.

A l’heure de l’« Oyster »

« Messieurs, levons notre verre à l’’Oyster’ ! L’huître est la créature la plus pure au monde. Dès sa naissance, elle pare son intérieur de nacre, une matière sublime qu’elle entretient et renouvelle toute sa vie. Nul ne soigne son intérieur aussi bien qu’une huître, qui ne tolère ni la moindre poussière, ni la moindre impureté. Si elle ne peut pas se débarrasser d’un hôte indésirable, elle l’isole et le transforme en perle. Eh bien, messieurs, nous avons emprunté non seulement les qualités de l’huître mais aussi son nom ! » Ainsi parle Hans Wilsdorf, lors d’un dîner de gala en janvier 1927. Les invités n’étaient certainement pas conscients d’entendre un discours qui marquerait l’histoire de l’horlogerie.

Dès 1926, Wilsdorf dépose, en effet, le brevet pour un boîtier à couronne vissée qui améliore l’étanchéité de ses montres. La première Rolex « Oyster » est née, étanche à l’eau, à l’air et à la poussière. Elle deviendra l’une des montres les plus connues (et les plus vendues) de l’histoire horlogère suisse. « C’est une forteresse miniature que l’on peut porter au poignet », écrira un journaliste spécialisé !

Les consommateurs de l’époque sont toutefois un peu sceptiques quant à la faculté d’une montre à être totalement étanche. Comme démonstration, Wilsdorf installe des aquariums remplis dans les vitrines de ses magasins, dans lesquels les montres sont exposées. Succès ! Et, en juillet 1927, il « sponsorise » un exploit sportif : la traversée de la Manche à la nage par Mercedes Gleitze (en 15h15 !)… avec la fameuse Rolex « Oyster » au poignet.

 Cela marque le début d’une longue tradition : la création de relations privilégiées entre les montres Rolex et des individus d’exception. Qu’il s’agisse d’explorateurs ou d’aventuriers, tels que Malcom Campbell, Chuck Yeager ou sir Edmund Hillary, de sportifs comme Jean-Claude Killy, Jackie Stewart, Roger Federer ou Tiger Woods mais aussi d’artistes comme la cantatrice lyrique Kiri Te Kanawa, le rocker Eric Clapton ou le ténor Placido Domingo. Sans oublier les fameux « Big Three », trois des plus grands noms du golf des années 60-70 : Arnold Palmer, Jack Nicklaus et Gary Player (NDLR : en 28 ans, le trio remportera 34 tournois golfiques majeurs sans jamais cesser de promouvoir l’esprit et le fair-play de ce sport). Aujourd’hui encore, tous les « Rolex Ambassadors » partagent l’esprit d’aventure et la recherche constante d’excellence qui président au succès de la marque. 

C’est en 1931 que l’« Oyster Perpetual » et le Rotor (mécanisme d’enroulement automatique du ressort) voient le jour. Puis, en 1938, le chef-d’œuvre horloger est atteint avec la « Bubble Back », un surnom donné au mouvement auquel Rolex a ajouté une masse oscillatoire capable de faire une rotation de 360° mettant ainsi au point un mouvement automatique fiable et robuste.

Plus de 100 ans après sa création, Rolex est plus que jamais dans l’air du temps.

En 1945, l’« Oyster » désormais « perpétuelle » devient la seule montre capable de donner la date. 1953 est l’année de tous les records avec l’avènement de la mythique « Submariner », capable de résister à une pression de 100m. Son meilleur ambassadeur sera James Bond « himself », Sean Connery, qui dans le film « James Bond contre Docteur No » exhibe, aux côtés de la sculpturale Ursula Andress, une « Submariner » devenue objet culte. Lorsqu’il s’éteint en juillet 1960, à l’âge de 79 ans, Wilsdorf laisse derrière lui une société aux racines solides, produisant des montres universelles et intemporelles, synonymes d’excellence et de prestige.

Le mythe « Daytona »  

Impossible de parler de Rolex sans évoquer le mythe « Daytona ». Sans doute le plus grand mythe horloger du XXe siècle ! Sur le marché de la montre de collection, le « Paul Newman Rolex Cosmograph Daytona » en acier de 1969 est la montre la plus difficile à trouver, dont la cote ne cesse de grimper. Mort en 2008, l’acteur hollywoodien serait sûrement effaré par cette débauche d’argent, lui qui ne voyait en ce bel objet qu’une seule utilité : lui donner l’heure avec précision et le bon chronométrage quand il se trouvait au volant de ses bolides, sur les circuits de Daytona ou du Mans.

 Dans le film « Virages », de James Goldstone (1969), qui se déroule lors des 500 Miles d’Indianapolis, il porte le fameux cosmographe en acier, avec cadran noir dit « exotique ». Le mythe « Daytona » sera encore renforcé quelques années plus tard quand un magazine publie la photo de Gianni Agnelli, le bras appuyé au mât d’un yacht, portant bien en évidence un Rolex « Cosmograph Daytona » (le modèle classique 6263 avec cadran clair). Cette photo fera le tour du monde et donnera un nouveau souffle à ce modèle qui, en une vingtaine d’années, n’avait pas vraiment réussi à trouver son public. La « Daytona » devient un symbole de richesse et de désinvolture. Aujourd’hui encore, pour le commun des mortels, le mythe moderne Rolex repose sur l’innovation, la qualité et l’esprit d’aventure.

Depuis les années 60, le QG de Rolex est situé près de Genève, dans un bâtiment high-tech entouré d’eau, dessiné par les architectes Juillard & Addor, rappelant ainsi les performances d’étanchéité des premières Rolex. L’usine principale de Rolex se trouve toujours à Bienne et emploie plus de 1.500 personnes. Trois autres sites existent en Suisse, une usine au Locle, une autre dévolue à la bijouterie-joaillerie et aux cadrans à Chêne-Bourg et un grand centre de recherche et développement à Plan-les-Ouates, qui emploie 1.800 personnes exerçant plusieurs dizaines de métiers différents. Notons que Rolex est la seule manufacture horlogère à disposer de sa propre fonderie. Détenue par la Fondation Hans Wilsdorf, la firme n’a jamais voulu s’éloigner du rêve initial de son inventeur : magnifier le temps.  

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