Aussi sensibles au moteur qu’à la beauté de la carrosserie, deux jeunes startuppers franco-belges, Louis Jalaber et Simon Szleper, ont réussi la fusion parfaite d’une montre et d’un mythe de l’automobile, l’Aston Martin DB5. Celle de James Bond !


Il y a toujours eu une connivence entre les grandes marques de voitures et les manufactures horlogères. Et des mariages souvent réussis même s’ils ne sont pas très fidèles. Inutile de rappeler que les montres sont passées de la poche du gilet au poignet pour faire plaisir aux sportifs et aux premiers conducteurs d’engins motorisés. Lesquels voulaient vérifier leur performance d’un seul coup d’œil mais ils n’avaient pas trop de deux mains pour maîtriser leurs bolides. Très vite, il leur a fallu des montres précises à la seconde parce que c’est plus amusant de faire la course entre gentlemen-drivers… Aujourd’hui, l’inspiration automobile va plus loin : on peut s’offrir une montre avec un vrai fragment de capot d’une Aston Martin DB5 à l’intérieur. La belle anglaise ayant été préférée à l’AC Cobra, à la Ferrari F40 ou à la Jaguar Type-E. Là où de nombreuses marques horlogères flirtent avec les voitures rapides, par des partenariats ou des clins d’œil design plus ou moins discrets, le Français Louis Jalaber (27 ans) et le Belge Simon Szleper (25 ans) ont fusionné ces deux univers au premier degré avec la marque de montres Atelier Jalaper.

Naissance d’une start-up horlogère

La première étape aura été de trouver la bonne idée et d’essayer de la faire tictaquer pendant leurs études dans une école de commerce parisienne (ESCP Europe). La deuxième a consisté à insuffler cet enthousiasme à un jeune designer industriel, Constantin Sohier, qui possédait à la fois un goût affirmé pour la haute horlogerie et une bonne expérience du secteur automobile. Son talent, déjà rodé dans l’univers des supercars (lors de missions chez Land Rover, Jaguar, Renault et VW), matérialisa les idées du duo en quatre modèles mécaniques. Le rendu final – épuré, puissant, profilé – est un subtil clin d’œil à l’univers automobile en général et à la DB5 en particulier. La typo rappelle celle du compte-tours, la grille est celle de la calandre et le cadran reprend les lignes de la mythique entrée d’air de la voiture de James Bond dans « Goldfinger ».

Ensuite, il a fallu trouver un fabricant. Direction La Chaux-de-Fonds (en Suisse) ! Spécialiste de la conception et de la production de boîtiers horlogers, Stéphane Muller accepta de développer le projet avec eux. « Il nous a beaucoup aidés », dit Simon Szleper, « en testant d’abord notre idée sur des capots issus d’autres anciennes voitures. » L’opération est, en effet, complexe. Réussir à aplanir le capot sans en altérer la couleur d’origine, y découper des cadrans avec précision malgré la malléabilité de l’aluminium et garantir un résultat durable dans le temps.

« And last but not least », il a fallu trouver de l’argent. D’où l’idée d’une levée de fonds sur le Net, via une campagne de financement participatif, destinée à assurer la mise en production. A présent, l’heure est au bilan : sur les quatre modèles de montre en éditions limitées de six cents pièces, presque la totalité a été prévendue. « Notre projet est devenu une réalité, une marque, une enseigne ! » Bonne nouvelle pour les amateurs de garde-temps collectors que l’on ne voit pas à tous les poignets : la livraison a débuté dès le mois de février 2020 et une partie de la production est encore disponible sur le site www.atelierjalaper.com

Quatre modèles

La collection Atelier Jalaper est, pour le moment, constituée de quatre modèles. Deux « Date » et deux « Day-Date » en acier silver ou PVD noir. Elles sont animées par des mouvements automatiques japonais Miyota avec une autonomie de quarante-deux heures, afin de proposer des montres mécaniques (assemblées en Suisse) à un prix qui oscille entre 800 et 1.150 euros. Résultat : les commandes affluent de partout dans le monde, de Belgique, de France mais aussi du Japon, d’Australie, du Qatar, du Mexique ou de Nouvelle-Zélande ! La marque basée à Bruxelles s’est constitué un stock pour les nouveaux clients et s’est déjà offert un nouveau capot de DB5 pour y prélever de nouveaux cadrans… sachant que l’Aston Martin DB5 demeure l’une des voitures de collection les plus recherchées : sa production n’a duré que trois ans. De 1963 à 1965, seuls 1.021 exemplaires sont sortis de l’usine anglaise. Trouver des pièces détachées s’avère donc aussi difficile que coûteux.

Aujourd’hui, la start-up horlogère pense déjà à un nouveau garde-temps, à un nouveau design, à d’autres emprunts parmi les bolides stars des années 1960… avec une préférence, dit-on, pour la Lamborghini Miura. Pourquoi pas un chronographe ?

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