Il y a 50 ans, le 20 juillet 1969, Neil Armstrong, commandant d’Apollo 11, devenait le premier homme à poser le pied sur la Lune. Voici l’histoire d’une fantastique odyssée, un voyage de 360.000 kilomètres et quatre jours.


1969. Dans la boue de Woodstock, le concert géant de la génération peace and love, sur les accords de Jimmy Hendrix. L’hymne américain est joué au Vietnam où l’offensive du Têt décime les GI. Et bientôt sur la Lune… 

« La terre est belle vue d’en haut, elle est bleue, baignée d’un voile de vapeur blanche. A demain sur la Lune ! »

Le 16 juillet, à Cap Canaveral, la fusée Apollo 11 décolle dans un déluge de feu. Un voyage de 360.000 kilomètres. La plus fantastique des odyssées. Quatre jours de voyage. Le commandant s’appelle Neil Armstrong, 38 ans. Depuis les hublots, il décrit un extraordinaire spectacle. « La terre est belle vue d’en haut, elle est bleue, baignée d’un voile de vapeur blanche. A demain sur la Lune ! »


Le 20 juillet, 20h17 temps universel, le module LEM se pose enfin dans la mer de la Tranquillité. Six heures d’attente. C’est Neil Armstrong qui va faire le premier pas. Le commandant de la mission Apollo descend pas à pas la petite échelle. Et puis, sa chaussure foule la poussière grise. Un petit pas pour un homme, un pas de géant pour l’humanité. Dans ce décor désolé où sans le moindre souffle de vent flotte la bannière étoilée. La sortie va durer 2h31. Armstrong et Aldrin vont parcourir 250 petits mètres. Une vertigineuse balade qui change le monde. « C’est dans l’esprit de partager nos connaissances avec tous les hommes du monde que nous regardons les voyages spatiaux de l’avenir », seront les seuls mots prononcés par Armstrong trois mois plus tard, au micro des médias français. Un demi-siècle après, le message de l’homme qui avait décroché la lune flotte toujours dans la nuit éternelle de l’espace. Héros discret, décédé en août 2012 à l’âge de 82 ans, Neil Armstrong incarne aujourd’hui encore la fascination pour la conquête de l’espace.

Une phrase historique

Neil Armstrong descend du module et pose pour la première fois un pied sur la Lune. Il décrit le sol sélène avant de prononcer sa célèbre phrase. Il a expliqué plus tard l’avoir préparée après l’alunissage du module – manœuvre qu’il a dû faire manuellement, à cause d’une défaillance de l’ordinateur.

Cette phrase prononcée par le commandant d’Apollo 11 est l’une des plus célèbres de l’histoire du XXe siècle. Et comme souvent, lors de citations célèbres, elle n’est pas forcément correctement interprétée… 

Qu’a dit Armstrong exactement ? Qu’ont entendu les millions de téléspectateurs de ce moment historique, avec la qualité permise par les technologies de l’époque pour une retransmission mondiale ? « That’s one small step for man, one giant leap for mankind. » « C’est un petit pas pour l’homme, un grand bond pour l’humanité. »

Cependant, l’astronaute a précisé à son biographe officiel, James R. Hansen, qu’il n’avait pas tout à fait dit cela, et que sa phrase ne prenait tout son sens qu’en ajoutant un « a », soit « That’s one small step for a man, one giant leap for mankind », soit en français : « C’est un petit pas pour un homme, un grand bond pour l’humanité. » Dans cette version, apparaît vraiment l’opposition entre sa modeste personne et l’humanité. Armstrong a-t-il prononcé ce « a », inaudible depuis la Terre, l’a-t-il oublié ? Le débat a fait rage pendant des années, l’astronaute souhaitant que la version retenue soit bien « un petit pas pour un homme » et non « un petit pas pour l’homme ». D’après une nouvelle analyse des enregistrements présentée en 2006, le fameux « a » est bien présent et a été transmis. Cependant, il est trop court pour être entendu, il ne dure que 35 millisecondes, selon l’Australien Peter Shann Ford, spécialiste des interfaces homme-machine (Control Bionics) qui a mené ce travail.

Armstrong a devancé le « Buzz »

On s’est également longtemps demandé pourquoi Neil Armstrong avait été le premier à quitter le module pour poser le pied sur la Lune. « Armstrong avait été incorporé comme civil à la NASA, contrairement à Aldrin qui était resté sous statut militaire », explique Olivier de Goursac, membre de la Société astronomique de France et de l’Association planète Mars. « Or la NASA tenait à ce que ce soit un civil qui pose le pied sur la Lune pour la première fois, pour éviter que l’on puisse penser à une conquête militaire de la Lune. »

Christopher Kraft, directeur des opérations de vol à la Nasa pour les missions Apollo, a dévoilé dans son autobiographie publiée en 2001 que le choix s’est fait, en réalité, sur des questions de personnalités. La logique voulait que celui qui sorte du module lunaire le premier soit le pilote de la mission. Lorsqu’il est apparu que la mission Apollo 11 serait celle qui se poserait la première sur la Lune, Edwin Buzz Aldrin était logiquement celui qui devait le premier poser sa botte dans la poussière lunaire. « Je me suis dit : Mon Dieu, ne laissons pas cela se produire. » Une réunion est organisée entre quelques responsables de la Nasa, relate Kraft. « Neil était Neil. Calme, tranquille, d’une totale confiance. Nous savions tous qu’il était de la trempe d’un Lindbergh. » C’est justement parce qu’il ne le demandait pas et qu’il ne l’aurait pas souhaité, contrairement à Aldrin qui l’espérait, qu’Armstrong a été choisi pour devenir l’homme le plus célèbre du monde, selon le récit de Christopher Kraft.

Officiellement, des raisons techniques sont avancées, liées à la disposition des portes dans la capsule et au fait que la sortie était plus facile pour Armstrong. Buzz Aldrin n’était probablement pas totalement convaincu mais il a fallu le livre de Kraft pour que ces discussions soient révélées. 

La jalousie de Buzz Aldrin ?

Autre objet de nombreuses questions depuis ce fameux 20 juillet 1969, la rareté des photos d’Armstrong durant ce périple fantastique sur la Lune. Sur les photos de la mission Apollo 11 prises pendant les deux heures et demie de sortie, l’astronaute qui apparaît est quasiment toujours Buzz Aldrin. C’est Armstrong qui le photographie : sur l’un des clichés, on voit Armstrong en reflet dans le casque. Sur d’autres clichés, on voit l’ombre d’Armstrong. Pourquoi Aldrin n’a-t-il pas pris davantage de photos de son équipier ? On peut lire sur certains blogs que Buzz Aldrin était jaloux de ne pas avoir été désigné pour sortir le premier et qu’il s’était ainsi vengé… Une version que ne partage pas Olivier de Goursac. « Il n’y avait qu’un seul appareil photo à bord du module lunaire et, après quelques clichés pris par Armstrong après son premier pas, il l’a conservé la plupart du temps pour photographier Aldrin en train d’installer les expériences (un des impératifs de la mission était de bien documenter les tâches effectuées). Un court instant seulement, Armstrong a confié l’appareil à Aldrin qui a pris un panorama sur lequel on voit Armstrong et c’est la seule photo prise de lui. Ensuite, Armstrong a repris en main l’appareil et est parti à 60 mètres à l’arrière du LEM, photographier le petit cratère qu’il avait dû éviter au dernier moment juste avant d’alunir… »

Voilà la version que livre Neil Armstrong aux historiens qui l’interrogent en 2001 : « Il » (Aldrin) « est bien plus photogénique que moi » (rire). « J’étais chargé de prendre plein de photos. C’était une des tâches qu’on m’avait assignées. Il y a eu un court moment au cours des opérations où j’ai passé l’appareil à Buzz et il a pris quelques photos, et on nous avait fixé à chacun des objectifs que nous étions censés atteindre. Je crois que nous avons probablement pris en photos une bonne partie de ce que nous étions censés photographier, et pas de trop mauvais clichés non plus » (rire).

 

Modeste et discret

Après la mission Apollo, Neil Armstrong a passé son temps à fuir la notoriété. Sollicité par de nombreuses universités pour être nommé docteur honoris causa, il n’en a accepté que très peu. Il s’est fait fort rare dans les médias. Son intervention en 2008 auprès de Barak Obama, après l’abandon du programme Constellation, était exceptionnelle. Une anecdote éclaire ce refus obstiné de l’astronaute d’utiliser sa célébrité pour s’enrichir : en 2005, il a découvert que le barbier chez lequel il se rendait depuis des années avait revendu des mèches de ses cheveux à un collectionneur pour 3.000 dollars. Furieux, Armstrong a envoyé ses avocats chez le coiffeur… Dans l’impossibilité de restituer les mèches, le barbier s’est engagé à verser l’argent à une œuvre de charité !

La première montre sur la Lune

Le 21 juillet 1969, devant 450 millions de téléspectateurs fascinés, Buzz Aldrin et Neil Armstrong se posaient sur la mer de la Tranquillité, « Speedmaster » au poignet. Un « grand pas pour l’humanité » mais aussi pour l’horloger Omega, dont le nom est depuis lors associé à l’odyssée de l’espace. C’est à 2 h 56 GMT que Buzz Aldrin baisse son regard sur sa montre au moment fatidique. Lui est encore à l’intérieur du module lunaire. Son équipier, Neil Armstrong, vient d’entrer dans l’Histoire en posant le pied sur la Lune. Ce dernier a laissé son chronographe à l’intérieur du LEM par prudence car certains instruments de bord sont tombés en panne. Quinze minutes plus tard, Buzz Aldrin descend à son tour du vaisseau, avec sa montre attachée au-dessus de sa combinaison. Il est donc 3 h 11 lorsque le second homme pose le pied sur l’astre de la nuit et que la « Speedmaster » devient la première montre portée sur la Lune.

Douze ans plus tôt, en 1957, lorsque Omega présente sa « Speedmaster », la conquête de l’espace débute à peine. Les Soviétiques, cette année-là, réussissent avec Spoutnik le premier vol spatial orbital de l’Histoire. La NASA n’existe pas encore et ne sera fondée que l’année suivante à Houston. L’horloger suisse a alors imaginé un chronographe pour les fondus du volant et autres amateurs de courses automobiles qui apprécient sa lunette gravée d’une des premières échelles tachymétriques. Pour célébrer l’anniversaire de cet instant où elle a été rebaptisée « Moonwatch », sa manufacture lance en édition limitée un « Speedmaster » inspiré de la référence « BA145.022 » qui, réalisée à 1.014 exemplaires en 1969, a été remise à tous les astronautes du programme Apollo de 1969 à 1973. Cette nouvelle version, façonnée dans un alliage d’or inédit, « Moonshine », arbore une lunette en céramique de couleur bordeaux gravée d’une échelle tachymétrique et un cadran en or massif avec index en onyx. Cette pièce de collection est servie par le tout nouveau calibre Master Chronometer 3861 à remontage manuel, que ses qualités de précision et d’endurance permettent à Omega de garantir cinq ans.

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