A 53 ans, David Errera s’est lancé, à Linkebeek, dans une activité de permaculture maraîchère de produits à haute valeur ajoutée, comme les pousses, la laitue, le fenouil, la tomate, le navet, la betterave. Il a parmi ses clients des particuliers et quelques restaurateurs prestigieux.


Economiste de formation et bien inséré dans le monde bancaire : rien ne prédisposait David Errera à devenir un jour maraîcher. Et pourtant, voici six ans, lassé de son environnement professionnel, cet autodidacte passionné décide de se reconvertir dans un secteur nettement plus en rapport avec ses aspirations : la permaculture. « Une réorientation drastique sans doute mais que je ne voulais pas effectuer n’importe comment. J’ai décidé de suivre des cours pour me former à cette nouvelle activité et j’ai effectué des recherches sur un business model qui pourrait fonctionner. »

C’est ainsi que germe l’idée de cultiver des légumes sur des mini-parcelles d’une ferme de Linkebeek. Il appuie sa démarche autour de trois piliers : la vente directe, la modestie des investissements et la seule production de légumes à forte valeur ajoutée et devant être conservés très peu de temps pour garder leur fraîcheur. A cette époque, un appel à projets était précisément lancé pour améliorer l’autonomie alimentaire de Bruxelles. L’occasion est belle et David Errera embraye dans l’aventure avec le soutien de l’Université Libre de Bruxelles. Cycle Farm est né !

 

Des produits de grande qualité

Aidé par un partenaire ayant fait des études de maraîchage, il débute avec quelques clients restaurateurs comme Jean-Michel Hamon, le patron du « Toucan Brasserie » et du « Toucan sur Mer ». L’adresse devient vite un must pour les connaisseurs désireux de manger des légumes naturels de qualité. Certes, la crise Covid a, quelque peu, grippé l’élan mais David Errera s’efforce, aujourd’hui, de garder le même cap gagnant grâce à une impressionnante diversité de produits. « Je travaille notamment tous les légumes à petites feuilles, comme les pousses de moutarde, les cime di rapa ou encore les légumes à croissance rapide, comme la laitue, le fenouil, le chou chinois, le navet, la betterave. En réalité, tout ce qui est petit et qui peut se vendre rapidement ! »

Mais son activité est également consacrée à des produits à croissance permanente. Ses succulentes tomates font courir le Tout-Bruxelles. « Je propose aussi des concombres, des courgettes, des pâtissons, des poivrons… Et des produits plus intermédiaires comme les carottes, les mini-poireaux, l’ail, les jeunes oignons. Mais attention, pas d’échalotes ni de patates : il est trop compliqué de travailler à la main des légumes vendus à un euro le kilo et qui se conservent… »

Mieux que bio !

Il surfe clairement dans l’air du temps et répond à une vraie demande autour des écosystèmes respectant la biodiversité. « Nos productions ne sont pas certifiées mais en fait, elles sont mieux que bio ! Ainsi, nous n’utilisons jamais de pesticides ni de voiles. En cas de présence de limaces, par exemple, nous les retirons à la main. Cette approche n’est évidemment possible que pour de toutes petites surfaces comme les nôtres… »

La haute densité de plantation évite également de nombreux problèmes. « Elle crée une forme de canopée qui va empêcher les mauvaises graines de s’installer. En fait, en triplant la densité, on évite le désherbage. De la même manière, lorsqu’on retourne la terre, on ne le fait que sur trois centimètres d’épaisseur. Ceci permet de préserver les insectes qui y vivent en anaérobie et dont la digestion agit comme un générateur d’azote pour enrichir le sol. Un des outils utilisés pour ces traitements est la grelinette, qui offre en outre l’avantage, contrairement à la pelle, de pouvoir garder le dos droit. »

David Errera planifie ses plantations avec passion et stratégie. « Nous visitons nos principaux clients restaurateurs au mois de novembre afin de percevoir ce dont ils auront besoin. Il s’agit essentiellement de restaurants de taille moyenne. Les tout gros, c’est trop compliqué. Je reste aussi dans un périmètre raisonnable autour de la ferme. Je livre jusqu’à Forest, Saint-Gilles, voire éventuellement Waterloo… Pour les particuliers, ils sont invités à venir eux-mêmes dans notre garage, les commandes pouvant se faire par mail. »

Une méthode artisanale qui correspond pleinement à la qualité de ses produits « faits maison ».

Un concept innovant

Fier de son concept, David Errera se dit plutôt optimiste et tire quelques plans sur la comète. « Dans mes projets, d’ici 2022 ou 2023, je verrais bien la plantation d’un verger comportant des bandes de maraîchage. Et peut-être également des poules pour la production d’œufs. Par ailleurs, je compte bien transmettre mon expérience, sous forme de conférences, de formations… En accueillant plus de gens aux champs, pour qu’ils comprennent mieux notre mode de fonctionnement. »

Il est convaincu de la pertinence de ce dernier. « Un agriculteur conventionnel, qui travaille par exemple sur 80 ha, va dégager un chiffre d’affaires de 160.000 € qui va servir essentiellement à payer ses machines et l’industrie. Il va générer deux salaires mais aux environs de 7 euros de l’heure. Alors que moi, malgré le Covid, toujours sur base de deux salaires, j’arrive à faire plus du double (15 euros de l’heure)… sur seulement 20 ares ! »

A ses yeux, la situation est très claire. « L’agriculture de masse nuit à la vie du sol. Si on veut capter du CO2, il faut changer de style : effectuer trois ou quatre rotations par an sur une même planche. Avec tout ce que les interactions en plants apportent de positif. Comme par exemple entre les salades et les oignons… »

Il conclut sur une réflexion en forme de credo : « Il faut passer d’une agriculture de masse à une masse d’agriculteurs… »

Contact Cycle Farm : www.cyc.odoo.niboo.com –  David Errera david@cyclefarm.be – 0476 32 89 55

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