La sortie du 25e film griffé James Bond était prévue pour novembre, il a été reporté au 2 avril 2021. Retour sur les aventures et sur l’histoire de l’espion le plus célèbre de la planète.


Il sera bientôt sexagénaire puisqu’il est apparu pour la première fois à l’écran en 1962. Mais ça, c’est pour la théorie. Dans la pratique, l’agent 007 affiche son éternelle jeunesse, et avec « Mourir peut attendre », 25e opus de la série officielle qui sortira dans les salles au printemps prochain, la saga reste la plus durable de toutes et, sans doute, la plus rentable aussi. Retour sur le parcours sans faille du… super-héros le plus mythique de la planète. Son nom est Bond, James Bond.

L’homme qui aimait les oiseaux

A l’origine, c’est le nom d’un célèbre… ornithologue de Philadelphie né avec le siècle dernier que le romancier Ian Fleming – lui-même passionné par les oiseaux – utilise pour baptiser le héros d’un roman qu’il intitule « Casino Royale ». On est en 1952 et le natif du quartier de Mayfair, à Londres, n’imagine pas qu’il vient de créer l’agent secret qui sera, dix ans plus tard, le héros infaillible auquel toute la planète – ou presque – voudra s’identifier. De la plume de cet ancien journaliste et officier de renseignement de la Royal Navy, suivront une dizaine de romans et autant de « nouvelles » rassemblés dans deux recueils jusqu’à son décès. Quatorze titres de la saga seront aussi ceux texto d’autant de films.

Trop tard pour « Goldfinger »

Ian Fleming ne connaîtra que brièvement le triomphe de son héros sur les grands écrans. Après une apparition sans lendemain au fenestron de l’Oncle Sam, James Bond fait ses premiers pas en Technicolor et son mono début octobre 1962. Une production partagée entre le Canadien Harry Saltzman et le New-Yorkais d’origine italienne Albert R. Broccoli. Le budget serré d’un million de dollars ne permet pas d’engager la star toute désignée pour incarner l’espion de Sa Majesté, à savoir Cary Grant. Celui-ci s’estime d’ailleurs trop âgé, à 58 ans. Fleming recommande un acteur beaucoup plus jeune, Londonien comme lui mais du quartier de Stockwell, repéré dans « Ivanohé » et… « Le Saint ». Mais cette dernière série a fait de… Roger Moore une vraie star du petit écran et son contrat lui interdit de devenir le premier James Bond. En fin de compte, le rôle échoit à un figurant écossais quasiment inconnu et… vilipendé par Fleming qui le juge « trop grand et trop musclé ». Il s’appelle Sean Connery…

Les rescapés du « Troisième Homme »

 « James Bond contre DrNo » rencontre un succès totalement imprévu, dont la trame globale – la traque et l’élimination d’un dangereux psychopathe menaçant la planète – sera reprise dans tous les épisodes, y compris ceux issus de scénarios « originaux ». Ian Fleming décède en août 1964 et n’assistera donc pas au triomphe de « Goldfinger », qui suit d’un an l’excellent « Bons Baisers de Russie ». Ce numéro trois dont le réalisateur Terence Young avait décliné le job au profit de Guy Hamilton (l’assistant de Carol Reed et « doubleur » d’Orson Welles dans « Le Troisième Homme ») met en valeur une fabuleuse BO de John Barry avec le tube de Shirley Bassey et la fameuse Aston Martin DB5 « modifiée » par Mister Q qui monte en grade au même titre que Miss Moneypenny et M, le boss, joué par Bernard Lee, autre rescapé du « Third Man » précité.

Sean Connery « IS » James Bond

Tout l’univers « bondien » est désormais en place. Sean Connery acquiert de la prestance et un second degré de plus en plus naturel. « Goldfinger » recueille même l’Oscar du meilleur montage de son, un British Academy Film Awards pour la direction artistique, un Grammy pour John Barry et un Laurel pour l’Allemand Gerd Fröbe lequel, pour l’anecdote, partageait avec son futur bourreau la liste des « 52 stars internationales » du « Jour le plus long ». Les « girls » se multiplient autour de l’agent 007 qui détient désormais toute la panoplie de son équipement, gadgets inclus… « of course ».

Un mariage trop vite consommé

Après « Opération Tonnerre », marqué par un dernier retour de Young à la mise en scène, et « On ne vit que deux fois », signé Lewis Gilbert, Sean Connery veut quitter le navire, souhaitant ne pas voir ses talents d’acteur mobilisés par le smoking de James Bond. Les producteurs acceptent son départ. A la surprise générale, c’est un mannequin australien tout juste connu pour le clip publicitaire à l’effigie d’une marque de chocolat qui le remplace, après un stage de… diction. A 29 ans, George Lazenby relève le défi et fait miraculeusement illusion. Mais « Au service secret de Sa Majesté » marche moins bien que les titres précédents. Trop romantique et bafouant la règle du happy end : la mort tragique de l’éphémère – un euphémisme ! – et unique Madame Bond (jouée par Diana Rigg, la deuxième collaboratrice de Patrick McNee dans « Chapeau melon et bottes de cuir ») est mal reçue. Et, suivant les conseils de son agent qui lui prédit la fin inévitable du succès des James Bond, Lazenby jette l’éponge, devenant ainsi « le Pete Best de la saga » et son mentor, le tâcheron de la Decca qui avait dédaigné les Beatles….

Roger Moore… enfin !

Sean Connery accepte de reprendre pour un film seulement (*) le rôle dans « Les diamants sont éternels », marqué par le retour de Guy Hamilton, revenu au-devant de la scène après le succès de « La bataille d’Angleterre.  Il dirigera « Vivre et laisser mourir » et « L’homme au pistolet d’or », avec Roger Moore. Enfin, dira sans doute Ian Fleming depuis le paradis des écrivains ! Libéré du « Saint » et prié d’abandonner « Amicalement vôtre » qui s’éteint aussitôt, le sympathique comédien ôte à l’agent secret son excès de brutalité et lui impose un second degré qui atteint son paroxysme dans « L’espion qui m’aimait » que réalise à nouveau Lewis Gilbert avec un « méchant » de haut vol incarné par Curd Jurgens, une superbe agente soviétique jouée par Barbara Bach (qui est toujours l’épouse de Ringo Starr, le doyen des Beatles qui a fêté ses 80 ans le 7 juillet), une sculpturale ennemie incarnée au sens le plus littéral par Caroline Munro (« Quel carénage ! » exprime Bond dans la VF) accompagnée du géant Richard Kiel, tous deux à la poursuite d’une Lotus Esprit qui se transforme en sous-marin !

Fabuleux décors, gags et gadgets, envoûtant générique chanté par Carly Simon et photographie signée Claude Renoir, le neveu du réalisateur de « La grande illusion » et donc aussi le… petit-neveu de… l’Auguste impressionniste : le 10e titre millésimé 1977 va sans doute rester à tout jamais le meilleur des Bond.

La fin de l’âge d’or ?

L’ère Moore, c’est donc l’âge d’or de James Bond, qui crève ses plafonds budgétaires habituels grâce à un « Moonraker » parodiant « Star Wars » avec en bouquet final une délirante bataille rangée de cosmonautes et un troisième générique de Shirley Bassey, succédant à « Diamonds are forever ». Le héros revient sur terre dans « Rien que pour vos yeux », en fait ceux de Carole Bouquet au volant d’une… 2CV jaune. L’exotisme d’« Octopussy » ne laisse pas vraiment présager le chant du cygne pour Roger Moore dans… « Dangereusement vôtre », relevé par la présence de Christopher Walken (« Voyage au bout de l’enfer ») et de Grace Jones en tueuse « bodybuildée ». C’est le septième et dernier Bond de Moore et de Lois Maxwell qui restera toutefois la seule et vraie Moneypenny.

Barry se barre

La saga entre dans une phase d’hésitation, après l’intronisation du Gallois et… « shakespearien » Timothy Dalton, en 1987, où se tourne une autre page, celle du compositeur John Barry, présent depuis les débuts. Une bagarre avec le groupe norvégien A-Ha est la goutte qui fait déborder le vase. « The living Daylights » (« Tuer n’est pas jouer ») et « License to Kill » (« Permis de tuer ») voient les chiffres d’exploitation chuter, et après l’annulation d’un « License renewed » pourtant annoncé, c’est le rideau également pour le réalisateur John Glen et pour le scénariste Richard Maibaum.

Et il faudra attendre plus de 5 ans pour assister, enfin, au retour de James Bond, sous les traits de Pierce Brosnan qui, en fait, avait connu le même problème que Roger Moore, auquel il aurait dû succéder. Il était sous contrat d’exclusivité pour la série « Remington Steele ».

Brosnan un peu à la Moore

Devant la caméra du Néo-Zélandais Martin Campbell, l’acteur… irlandais retrouve un peu le style de Roger Moore. « Goldeneye », « Demain ne meurt jamais » et « Le monde ne suffit pas » (avec Sophie Marceau) précède le 20e titre, « Meurs un autre jour » ou plutôt « Die Another Day » chanté par Madonna en personne. Hale Berry reprend le bikini ancestral d’Ursula Andress et l’ouvrage du… Néo-Zélandais Lee Tamahori (d’origine… maorie) est une brillante réussite toute teintée de nostalgie. C’est donc au moment où Brosnan devient vraiment… Bond que son smoking passe en 2006 sur la carrure de Daniel Craig. Le premier Bond… blond auquel on prête plutôt le style et les traits d’un agent du défunt KGB !

Daniel Craig, B(l)ond impitoyable

Avec à nouveau Campbell aux manettes, James Bond revient à ses origines, celles d’un tueur impitoyable. « Casino Royale » fait oublier la parodie hors série de 1967 (avec David Niven, Peter Sellers et… Woody Allen) : on entre dans une période sombre, torturée et bien dans l’air du temps, où comme dans les Batman de Nolan, l’humour est gommé. Après un pâle « Quantum of Solace », l’ère Craig connaît un triomphe commercial immense avec « Skyfall », de Sam Mendès, qui vaut l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure chanson originale à la pulpeuse Adele, sur une mélodie rappelant celle de « Diamonds are forever » ! On retrouve aussi la DB5 qu’avait déjà furtivement reprise Brosnan et qui disparaît à l’image de Judy Dench, la M qui avait assuré avec brio la transition du « reboot ».

Le spectre d’un nouveau départ

Après « Spectre » et l’intronisation de Ralph Fiennes en « boss », le 25e James Bond aura entretenu le suspense autour de Daniel Craig. Le natif de Chester n’a « que » 51 ans mais il a hésité à tourner ce 5e titre personnel et aussi juré que ce serait vraiment son dernier ! Avec à nouveau Léa Seydoux en complice de l’immortel agent secret et aussi le Viennois Christoph Waltz en Blofeld, plusieurs Aston Martin (dont la nouvelle Valhalla à moteur central) mais surtout une vraie… nouveauté dans le chef d’un matricule 007 parallèlement attribué à l’actrice d’origine jamaïcaine Lashana Lynch, tout juste intronisée dans l’univers Marvel, avec le ou plutôt la « Captain » du même nom. Pour succéder à Craig, on avait, en effet, évoqué « un » James Bond black, un gamin de 20 ans hyperdoué, et… une femme. Une chose est certaine : avec les surprises qu’il semble réserver, « Mourir peut attendre » est d’ores et déjà très… attendu !

Omega : la montre de 007

S’il est collectionneur de « conquêtes », James Bond est plutôt fidèle envers ses fournisseurs de prestige. En témoigne sa collection de montres Omega équipant sans discontinuer son poignet depuis « Goldeneye », soit, avec le nouveau…. « Time To Die », une 9e collaboration qui s’étend sur un quart de siècle !

Chaque film présente sa montre exclusive. Ces modèles d’un style et d’une robustesse bien à l’image du héros de Ian Fleming sont tous devenus de formidables objets de collection. Et la nouvelle « Seamaster Diver 300M 007 Edition » pousse davantage encore les limites du raffinement derrière son légendaire design militaire toujours copié mais jamais égalé. Exactement comme James Bond. Produite à très exactement 7.007 exemplaires, cette nouvelle montre est déjà un must.

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